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Forum RPG sur la saga Twilight
 
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 Chapitre 6. Groupe Sanguin

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Mathilde
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Mathilde


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MessageSujet: Chapitre 6. Groupe Sanguin   Chapitre 6. Groupe Sanguin Icon_minitimeLun 1 Mar - 5:41

Je la suivis toute la journée à travers les yeux des autres, à peine conscient de mon propre environnement.

Pas à travers ceux de Mike Newton, parce que je ne pouvais plus supporter ses fantasmes offensants, ni par ceux de Jessica Stanley, parce que son ressentiment envers Bella me mettait tellement en colère que c'en devenait dangereux pour cette fille mesquine. Angela Weber était très bien lorsque ses yeux étaient disponibles ; elle était gentille – sa tête était un endroit agréable à occuper. Et, parfois, c'étaient les professeurs qui me fournissaient le meilleur point de vue.

Je fus surpris, en la voyant trébucher sans cesse – sur les irrégularités du trottoir, les livres tombés par terre et, le plus souvent, sur ses propres pieds – que les personnes dont je parasitais les pensées considéraient Bella comme maladroite.

J'y réfléchis. Il était vrai qu'elle avait du mal à tenir droite quand elle était debout. Je me souvins l'avoir vue s'écrouler sur le bureau ce premier jour, glisser sur le verglas avant l'accident, se prendre les pieds dans le chambranle de la porte hier… Comme c'était étrange, ils avaient raison. Elle était bel et bien maladroite.

Je ne savais pas pourquoi cela me paraissait si drôle, mais je m'esclaffai en me dirigeant du cours d'histoire vers celui d'anglais, et plusieurs personnes me jetèrent des regards méfiants. Comment avais-je fait pour ne pas m'en apercevoir ? Peut-être parce qu'il y avait quelque chose en elle de très gracieux dans son silence, dans son port de tête, dans la courbure de son cou…

Il n'y avait rien de gracieux en elle à présent. M. Varner la regardait se coincer le pied dans le tapis et tomber littéralement sur sa chaise.

Je ris à nouveau.

Le temps avança avec une lenteur exaspérante tandis que j'attendais de pouvoir la contempler de mes propres yeux. Enfin, la sonnerie retentit. Je me dirigeai vivement vers la cafétéria afin de réserver ma place. Je fus l'un des premiers à y entrer. Je choisis une table habituellement vide, et qui allait sûrement le rester du fait de mon installation. .

Quand ma famille entra et me vit assis seul, à une nouvelle table, ils ne furent pas surpris. Alice avait dû les prévenir.

Rosalie me passa devant sans m'accorder un regard.

Idiot.

Les relations entre Rosalie et moi n'avaient jamais été faciles – je l'avais offensée la première fois que j'avais ouvert la bouche en sa présence, et cela ne s'était pas arrangé depuis –, mais il me semblait qu'elle était encore de plus mauvaise humeur que d'habitude ces derniers jours. Je soupirai. Rosalie ramenait toujours tout à elle-même.

Jasper m'adressa un sourire mi-figue mi-raisin en arrivant à ma hauteur.

Bonne chance, pensa-t-il, incertain.

Emmett leva les yeux au ciel et secoua la tête.

Complètement perdu la tête, pauvre gosse.

Alice rayonnait, les dents brillant un peu trop.

Je peux parler à Bella, maintenant ?

- Reste en dehors de ça, lui répondis-je dans un souffle.

Son visage s'affaissa, puis s'éclaira à nouveau.

Très bien. Fais ta tête de mule. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Je soupirai à nouveau.

N'oublie pas le TP en biologie cet après-midi, me rappela-t-elle.

J'acquiesçai. Non, je n'avais pas oublié.

En attendant que Bella arrive, je la suivis à travers les yeux de l'étudiant qui marchait derrière Jessica sur le chemin de la cafétéria. Cette dernière babillait à propos du bal qui approchait, mais Bella ne lui répondait pas. Non pas que Jessica lui en laissât l'opportunité.

Quand Bella passa le pas de la porte, ses yeux se posèrent sur la table où se trouvaient mes frères et sœurs. Elle les regarda un moment, puis son front se rida et elle se mit à fixer le sol. Elle n'avait pas remarqué que j'étais là.

Elle avait l'air si… triste. Je ressentis le besoin puissant de me lever et d'aller la rejoindre, la consoler, même si je ne savais pas ce qui pourrait la réconforter. Je n'avais aucune idée de ce qui la peinait tant. Jessica continuait à jacasser à propos du bal. Bella était-elle triste de le manquer ? Elle n'en avait pas l'air…

Mais je pouvais y remédier, si elle le souhaitait.

Elle n'acheta qu'une boisson pour le déjeuner. Était-ce normal ? N'avait-elle pas besoin de manger plus ? Je n'avais jamais fait attention au régime alimentaire des humains avant. Ils étaient si fragiles, c'était exaspérant ! Il y avait un million de choses dont il fallait s'inquiéter…

- Edward Cullen te mate une fois de plus, entendis-je Jessica glisser à Bella. Je voudrais bien savoir pourquoi il s'est isolé, aujourd'hui.

Je fus reconnaissant à Jessica – bien qu'elle ait à présent encore plus d'animosité envers Bella – car cette dernière releva brusquement la tête et ses yeux scrutèrent la foule jusqu'à ce qu'ils rencontrent les miens.

Il n'y avait plus aucune trace de tristesse sur son visage à présent. Je me pris à espérer que sa peine avait été causée par la pensée que j'avais quitté le lycée, et cet espoir me fit sourire.

Je lui fis signe de venir me rejoindre. Elle eut l'air si abasourdie par ce geste que j'eus envie de continuer à la taquiner. Je lui lançai un clin d'œil, et elle resta bouche bée.

- C'est à toi qu'il s'adresse ? demanda impoliment Jessica.

- Il a peut-être besoin d'un coup de main pour son devoir de sciences nat, dit-elle d'une voix basse et indécise. Il vaut mieux que j'y aille.

C'était un autre oui.

Elle trébucha deux fois en se dirigeant vers ma table, bien qu'il n'y eût sur le sol qu'un lino parfaitement plat. Sérieusement, comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte ? J'avais dû accorder trop d'attention à ses pensées silencieuses, supposai-je… Qu'avais-je manqué d'autre ?

Reste honnête, reste détendu, me serinai-je.

Elle s'arrêta derrière la chaise en face de moi, hésitante. J'inhalai profondément, par le nez cette fois plutôt que par la bouche.

Ressens cette brûlure, pensai-je sèchement.

- Et si tu t'asseyais avec moi ? proposai-je.

Elle tira la chaise et s'assit, sans me quitter des yeux. Elle avait l'air crispée, mais son acceptation physique était quand même un oui.

J'attendis qu'elle parle. Cela prit un moment, mais enfin, elle dit :

- Quel revirement.

- Disons que… (J'hésitai.) J'ai décidé, puisque je suis voué aux enfers, de me damner avec application.

Qu'est-ce qui m'avait fait dire ça ? Enfin, au moins, c'était honnête. Et peut-être avait-elle entendu l'avertissement que mes paroles sous-entendaient. Peut-être allait-elle réaliser qu'il serait mieux qu'elle se lève et s'éloigne le plus rapidement possible…

Elle ne se leva pas. Elle me regarda et attendit, comme si je n'avais pas terminé ma phrase.

- Tu sais, je n'ai pas la moindre idée de ce que tu entends par là, finit-elle par lâcher en voyant que je n'avais pas l'intention de poursuivre.

Cela me soulagea. Je souris.

- Ça ne m'étonne pas.

Il m'était difficile d'ignorer les pensées qui me criaient dessus de derrière son dos – et de toute façon, je voulais changer de sujet.

- Je crois que tes amis m'en veulent de t'avoir enlevée.

Cela ne parut pas la concerner.

- Ils s'en remettront.

- Sauf si je ne te relâche pas.

Je ne savais pas moi-même si je tentais d'être honnête en disant cela, ou si je ne faisais que la taquiner comme tout à l'heure. Être près d'elle me donnait du mal à ordonner mes propres pensées.

Bella avala bruyamment sa salive. Je ris en voyant son expression.

- Ça a l'air de t'inquiéter.

Cela n'aurait pas dû être drôle… Elle avait beaucoup de raisons de s'inquiéter.

- Non.

Elle était mauvaise menteuse, et sa voix ne l'aida guère en se cassant.

- Ça m'étonne, pourquoi cette volte-face ?

- Je te l'ai dit, lui rappelai-je. Je suis las de m'acharner à garder mes distances avec toi. J'abandonne.

Je gardai mon sourire, en forçant un peu. Cela ne marchait pas du tout – essayer d'être honnête et désinvolte en même temps.

- Tu abandonnes ? répéta-t-elle, perplexe.

- Oui. Je renonce à être sage.

Et apparemment, je renonçais également à ma désinvolture.

- Désormais, je ferai ce que je veux, et tant pis pour les conséquences.

C'était assez honnête. Cela lui montrait toute l'étendue de mon égoïsme. Cela l''avertissait, également.

- Encore une fois, je ne te comprends pas.

J'étais assez égoïste pour me réjouir que ce soit le cas.

- Je parle trop, en ta compagnie. C'est l'un des problèmes que tu me poses, d'ailleurs.

Un problème plutôt insignifiant, comparé au reste.

- Ne te tracasse pas, tous m'échappent, me rassura-t-elle.

Bien. Elle allait rester.

- J'y compte bien.

- Donc, en bon anglais, ça signifie que nous sommes de nouveau amis ?

Je méditai ce mot pendant une seconde.

- Amis… répétai-je.

Je n'aimais pas la façon dont il sonnait. Ce n'était pas assez.

- Ou ennemis, marmonna-t-elle, embarrassée.

Pensait-elle que je la détestais à ce point ? Je souris.

- Eh bien, on peut toujours essayer. Mais je te préviens d'ores et déjà que je ne suis pas l'ami qu'il te faut.

J'attendis sa réponse, déchiré en deux – souhaitant qu'elle comprenne enfin et qu'elle s'en aille, tout en pensant que je pourrais mourir si elle le faisait. C'était d'un mélodramatique. Je devenais si humain.

Son cœur s'emballa.

- Tu te répètes.

- Oui, parce que tu ne m'écoutes pas, lui répondis-je, à nouveau avec trop d'intensité. Je continue d'espérer que tu me croiras. Si tu es un tant soit peu intelligente, tu m'éviteras.

Oui, mais l'autoriserais-je à le faire, si elle essayait ?

Elle plissa les yeux.

- Il me semble que tu m'as déjà signifié ce que tu pensais de mon intellect.

Je n'étais pas sûr de comprendre à quoi elle faisait référence, mais je lui fis un sourire d'excuse, devinant que j'avais dû la fâcher accidentellement.

- Alors, dit-elle lentement. Tant que je suis… idiote, on essaye d'être amis ?

- Ça me paraît correct.

Elle baissa les yeux, et se mit à fixer intensément la bouteille de limonade qu'elle tenait dans ses mains. Mon ancienne curiosité se remit à me tourmenter.

- À quoi penses-tu ? lui demandai-je – c'était un soulagement de pouvoir enfin prononcer ces mots à haute voix.

Elle rencontra mon regard, et sa respiration s'accéléra tandis que ses joues se teintaient de rose. J'inhalai, sentant cette odeur flotter dans l'air.

- Je m'efforçais de deviner qui tu es.

Je parvins à conserver mon sourire, en figeant mes traits, mais la panique me tordait le ventre. Évidemment qu'elle se le demandait. Elle n'était pas stupide. Je ne pouvais pas espérer qu'elle ne remarque pas quelque chose d'aussi évident.

- Ça donne des résultats ? m'enquis-je aussi légèrement que possible.

- Pas vraiment, admit-elle.

Un éclat de rire m'échappa sous l'effet du soulagement.

- Tu as des théories ?

Elles ne pouvaient pas être pires que la vérité, quoi qu'elle ait trouvé.

Ses joues virèrent au cramoisi, et elle ne répondit pas. Je sentais la chaleur de son rougissement dans l'air. J'essayai d'utiliser mon ton le plus persuasif. Cela marchait bien avec les humains normaux.

- Tu ne veux rien dire ? l'encourageai-je en souriant.

Elle secoua la tête.

- Trop embarrassant.

Ouh. Ne pas savoir était pire que tout. Comment ses spéculations pouvaient-elles l'embarrasser ? Je ne pouvais pas rester dans l'ignorance.

- C'est très frustrant, tu sais.

Ma plainte déclencha quelque chose chez elle. Ses yeux se mirent à briller et, quand elle parla, les mots sortirent de sa bouche plus rapidement que d'habitude.

- Non. J'ignore complètement ce qu'il peut y avoir de frustrant dans le fait qu'une personne refuse d'avouer ce à quoi elle pense, alors qu'une autre personne passe son temps à lancer des remarques sibyllines spécifiquement destinées à flanquer des insomnies à la première en la forçant à chercher leur sens caché... voyons ! En quoi pourrait-il être frustrant ?

Je fronçai les sourcils, vexé de me rendre compte qu'elle avait raison. Je ne me comportais pas d'une façon très juste envers elle.

Elle continua.

- Autre exemple, admettons que cette même personne ait commis tout un tas d'actes étranges, comme sauver la vie de la première dans des circonstances improbables un jour pour la traiter en paria le lendemain sans prendre jamais la peine de l'expliquer, bien qu'elle l'ait promis, ça non plus ne serait pas du tout frustrant.

C'était le plus long discours que je l'avais entendue prononcer jusque-là, et me donna une nouvelle qualité à ajouter à ma liste.

- Tu as un sacré caractère, hein ?

- Je n'apprécie guère qu'il y ait deux poids deux mesures.

Son irritation était totalement justifiée, bien sûr.

Je la regardai, me demandant comment je pourrais faire quoi que ce soit de bien en sa présence, jusqu'à ce que les cris silencieux dans la tête de Mike Newton ne me distraient. Il était si furieux que je ne pus m'empêcher de m'esclaffer.

- Quoi ? s'enquit-elle.

- Ton petit copain a l'air de penser que je suis désagréable avec toi. Il se demande s'il doit venir séparer les duellistes.

J'aurais adoré le voir faire ça. J'éclatai de rire une fois de plus.

- Bien que j'ignore de qui tu parles, dit-elle d'une voix glaciale, je suis certaine que tu te trompes.

J'appréciai énormément la façon dont elle l'avait renié de sa phrase dédaigneuse.

- Oh que non ! Je te l'ai déjà dit, la plupart des gens sont faciles à déchiffrer.

- Sauf moi.

- En effet.

Devait-elle être l'exception à tout ? N'aurait-il pas été plus juste – considérant tous les problèmes que j'avais à affronter désormais – que je puisse avoir au moins un petit quelque chose en provenance de sa tête ? Était-ce trop demander ?

- Je voudrais bien savoir pourquoi.

Je plongeai mon regard dans le sien, essayant à nouveau…

Elle détourna la tête. Elle ouvrit sa limonade et en but une petite gorgée, les yeux rivés sur la table.

- Tu ne manges pas ? lui demandai-je.

- Non, répondit-elle en fixant la table vide entre nous. Et toi ?

- Je n'ai pas faim, répondis-je.

Non, ce n'était pas du tout la sensation que je ressentais en ce moment.

Elle ne décolla pas les yeux de la table et pinça les lèvres. J'attendis.

- Tu me rendrais un service ? demanda-t-elle, rencontrant soudain mon regard.

Que voulait-elle de moi ? Demanderait-elle la vérité que je n'étais pas autorisé à lui dire – la vérité dont je voulais qu'elle n'ait jamais, au grand jamais connaissance ?

- Ça dépend.

- Ce n'est pas grand-chose, assura-t-elle.

J'attendis, curieux.

- C'est seulement que… commença-t-elle lentement, concentrée sur la bouteille de limonade, le petit doigt repassant les contours du goulot. Pourrais-tu m'avertir à l'avance la prochaine fois que tu décideras de m'ignorer pour mon bien ? Histoire que je me prépare.

Elle voulait être prévenue ? Alors, elle ne devait pas aimer que je l'ignore… Je souris.

- C'est une requête qui me paraît fondée.

- Merci, dit-elle en relevant la tête.

Elle affichait une expression si soulagée que je voulus rire de mon propre soulagement.

-À mon tour d'obtenir une faveur, décrétai-je, plein d'espoir.

- Juste une, alors, m'accorda-t-elle.

- Confie-moi une de tes théories.

Elle piqua un fard.

- Pas ça.

- Trop tard ! Tiens parole.

- C'est toi qui a tendance à trahir la tienne.

Elle marquait un point.

- Allez, rien qu'une. Je te promets de ne pas me moquer.

- Je suis persuadée du contraire.

Elle semblait le croire vraiment, même si je n'arrivais pas à voir ce qu'il pouvait y avoir de drôle à ce sujet.

Je tentai à nouveau de la persuader. Je plongeai mon regard dans le sien – ce qui était facile à faire, avec des yeux si profonds – et chuchotai :

- Je t'en prie.

Elle cligna des yeux, le visage soudain dénué d'expression. Ce n'était pas tout à fait la réaction que j'avais recherchée.

- Euh… pardon ? bredouilla-t-elle.

Elle avait l'air d'avoir le vertige. Quel était son problème ? Mais je n'allais pas abandonner.

- S'il te plaît, une de tes théories, plaidai-je de ma voix douce, celle que j'utilisais pour ne pas effrayer les gens, mes yeux soutenant toujours son regard.

À ma grande surprise, mais aussi ma satisfaction, cela finit par fonctionner.

- Eh bien, disons… mordu par une araignée radioactive ?

Des bandes dessinées ? Je comprenais maintenant pourquoi elle avait craint que je rie.

- Ce n'est pas très original, la grondai-je, tentant de masquer mon soulagement.

- Désolée, je n'ai que ça en réserve, répondit-elle, vexée.

Cela me soulagea d'autant plus. Je fus à nouveau capable de la taquiner.

- En tout cas, tu es à des kilomètres de la vérité.

- Pas d'araignées ?

- Non.

- Ni de radioactivité ?

- Non.

- Flûte, soupira-t-elle.

- Et je suis insensible à la kryptonite, m'empressai-je d'ajouter – avant qu'elle ne s'étende sur le thème des morsures – puis je me mis à rire ; elle me prenait pour un super-héros.

- Tu n'étais pas censé rigoler.

Je tentai de pincer les lèvres.

- Je finirai par deviner, promit-elle.

Et quand elle le ferait, elle s'en irait en courant.

- Je préférerais que tu n'essayes pas, lui dis-je, toute moquerie envolée.

- Pourquoi ?

Je lui devais d'être honnête. Calme, je tentai de sourire, afin de rendre mes paroles moins menaçantes.

- Et si je n'étais pas un super-héros, mais juste un méchant ?

Ses yeux s'agrandirent soudainement et elle entrouvrit la bouche.

- J'y suis ! s'exclama-t-elle.

Elle avait fini par m'entendre.

- Vraiment ? lui demandai-je, tentant de masquer ma souffrance.

- Tu es dangereux… devina-t-elle.

Sa respiration devint saccadée, et son cœur se mit à battre plus vite.

Je ne pouvais pas lui répondre. Était-ce mon dernier moment avec elle ? S'enfuirait-elle si je le lui disais ? Pourrais-je lui dire que je l'aimais avant qu'elle ne s'en aille ? Ou cela la terrifierait-il encore plus ?

- Mais pas méchant, chuchota-t-elle en secouant la tête, sans aucune peur dans ses yeux clairs. Non, je ne crois pas que tu sois méchant.

- Tu te trompes, soufflai-je.

Évidemment que j'étais méchant. Ne me réjouissais-je pas en ce moment même, qu'elle me croie meilleur que je ne l'étais réellement ? Si j'avais été quelqu'un de bien, je serais resté loin d'elle.

Je tendis le bras au-dessus de la table, sous prétexte de m'emparer du bouchon de sa bouteille. Elle ne s'éloigna pas de ma main soudain proche. Elle n'avait vraiment pas peur de moi. Pas pour le moment.

Je fis tournoyer le bouchon comme une pièce, le regardant au lieu d'elle. Mes pensées grondaient.

Cours, Bella, cours. Je n'arrivais pas à m'obliger à dire ces mots à haute voix.

Elle sauta sur ses pieds.

- On va être en retard, dit-elle, au moment où je commençais à m'inquiéter du fait qu'elle avait peut-être perçu mon avertissement silencieux.

- Je ne vais pas en sciences nat, aujourd'hui.

- Pourquoi ?

Parce que je ne veux pas te tuer.

- Un peu d'école buissonnière de temps en temps est bon pour la santé.

Pour être précis, il était bon pour la santé des humains que les vampires n'assistent pas aux cours où leur sang serait versé. M. Banner avait prévu une expérience sur les groupes sanguins aujourd'hui. Alice avait déjà séché son cours ce matin.

- Eh bien moi, j'y vais, dit-elle.

Cela ne me surprit pas. Elle était responsable, elle faisait toujours ce qui était bien.

Elle était mon opposé.

- À plus tard, alors, lui dis-je, tentant à nouveau de me montrer détendu, en baissant les yeux sur le bouchon qui tournoyait. Et, au fait, je t'adore… d'une manière effrayante et dangereuse.

Elle hésita, et je souhaitai l'espace d'un instant qu'elle reste avec moi, finalement. Mais la cloche sonna et elle se dépêcha d'aller en cours.

J'attendis qu'elle soit partie, puis empochai le bouchon, en souvenir de cette conversation capitale, et rejoignis ma voiture sous la pluie.

Je mis mon CD préféré, celui qui me calmait – celui que j'avas écouté ce premier jour – mais je n'écoutai pas longtemps les notes de Debussy. D'autres notes chantaient dans mon esprit, le fragment d'un air qui me plaisait et m'intriguait. Je baissai la stéréo et écoutai la musique dans ma tête, rejouant le fragment jusqu'à ce qu'il évolue vers une harmonie plus complète. Instinctivement, mes doigts se mirent à taper sur des touches imaginaires.

Cette nouvelle composition commençait à prendre forme lorsque mon attention fut attirée par une vague d'angoisse mentale.

Je me tournai vers la direction d'où provenait cette détresse.

Elle va s'évanouir ? Je dois faire quoi ? Mike paniquait complètement.

Une centaine de mètres plus loin, Mike Newton posait le corps inerte de Bella sur le trottoir. Elle s'effondra sans réaction sur le béton humide, les yeux fermés, la peau aussi pâle que celle d'un cadavre.

Je faillis arracher la portière de ma voiture.

- Bella ? criai-je.

Il n'y eut aucune réaction sur son visage sans vie lorsque je hurlai son nom.

Mon corps entier devint plus froid que la glace.

J'entendis la surprise exaspérée de Mike tandis que je passais furieusement ses pensées au crible. Il ne pensait qu'à sa colère contre moi, ce qui m'empêcha de savoir quel était le problème de Bella. S'il lui avait fait le moindre mal, je l'anéantirais.

- Que se passe-t-il ? Elle est blessée ? exigeai-je, essayant de me concentrer sur ses pensées.

Je faillis devenir fou, obligé d'avancer à une allure humaine. Je n'aurais pas dû attirer son attention avant d'être près d'eux.

Puis je pus entendre son cœur qui battait et sa respiration régulière. Tandis que je l'observais, elle ferma les yeux plus fort. Cela atténua un peu ma panique.

Je vis quelques bribes de souvenirs dans la mémoire de Mike, des flashes d'images du cours de biologie. La tête de Bella sur sa table, sa peau claire virant au verdâtre. Des taches rouges sur des cartes blanches…

Le TP sur les groupes sanguins.

Je m'arrêtai, retenant mon souffle. Son odeur était une chose, son sang qui coulait en était entièrement une autre.

- Je crois qu'elle a perdu connaissance, dit Mike, à la fois inquiet et plein de ressentiment. Je ne sais pas pourquoi, elle n'a même pas eu le temps de se piquer le doigt.

Le soulagement me submergea, et je recommençai à respirer, goûtant les parfums dans l'air. Ah, je pouvais sentir la minuscule goutte de sang sur le doigt piqué de Mike. Jadis, cela m'aurait attiré.
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MessageSujet: Re: Chapitre 6. Groupe Sanguin   Chapitre 6. Groupe Sanguin Icon_minitimeLun 1 Mar - 5:42

Je m'agenouillai près d'elle et Mike hésita près de moi, furieux de mon intervention.

- Bella, tu m'entends ?

- Non, gémit-elle. Fiche le camp.

Le soulagement était si exquis que je ris. Elle allait bien.

- Je l'emmenais à l'infirmerie, dit Mike, mais elle n'a pas réussi à aller plus loin.

- Je m'en occupe. Toi, retourne en classe, lui dis-je d'un ton dédaigneux.

Mike serra les dents.

- Non, on me l'a confiée.

Je n'allais pas rester planté là à débattre avec ce malheureux. Excité et terrifié, à moitié reconnaissant et à moitié contrarié par cette situation difficile qui faisait de la toucher une nécessité, je redressai doucement Bella et la pris dans mes bras, ne touchant que ses vêtements, gardant autant de distance que possible entre nos deux corps. Je marchai à grands pas, pressé de la mettre en sécurité – en d'autres termes aussi loin de moi que possible.

Elle ouvrit des yeux grands comme des soucoupes, éberluée.

- Lâche-moi ! ordonna-t-elle d'une voix faible – embarrassée, à ce que je pouvais deviner d'après son expression.

Elle n'aimait pas montrer sa faiblesse. J'entendis à peine les cris de protestation de Mike derrière nous.

- Tu as une mine affreuse, lui dis-je, affichant un sourire radieux, tant j'étais soulagé qu'elle n'ait qu'un étourdissement et un estomac vide.

- Repose-moi par terre, dit-elle, les lèvres blanches.

- Alors, comme ça, tu t'évanouis à la vue du sang ?

Y avait-il quoi que ce soit au monde de plus ironique ?

Elle ferma les yeux et serra les lèvres.

- Et il ne s'agit même pas du tien, ajoutai-je, toujours souriant.

Nous étions arrivés à l'accueil. La porte était entrouverte, et je l'écartai d'un coup de pied.

Mme Cope bondit de sa chaise, surprise.

- Oh, mon Dieu ! s'exclama-t-elle.

- Elle est tombée dans les pommes pendant le cours de biologie, lui expliquai-je avant que son imagination ne l'emporte trop loin.

Mme Cope se dépêcha de nous ouvrir la porte de l'infirmerie. Bella avait rouvert les yeux et la regardait. J'entendis la stupéfaction interne de la vieille infirmière tandis que je déposais précautionneusement Bella sur le lit miteux. Dès qu'elle fut hors de mes bras, je mis toute la distance de la salle entre nous. Mon corps était trop excité, mes muscles tendus et mon venin affluait. Elle était si tiède et sentait si bon.

- Rien qu'une petite perte de connaissance, rassurai-je Mme Hammond. On pratiquait un test sanguin en sciences nat.

Elle acquiesça, comprenant ce qui s'était passé.

- Ça ne rate jamais.

J'étouffai un rire. Comptez sur Bella pour être celle à qui ça arriverait.

- Reste allongée un moment, petite, lui dit Mme Hammond. Ça va passer.

- Je sais, lui répondit Bella.

- Ça t'arrive souvent ? demanda l'infirmière.

- Parfois, admit-elle.

Je tentai de dissimuler mon rire par un toussotement. Cela reporta l'attention de l'infirmière sur moi.

- Tu peux retourner en cours.

Je la regardai droit dans les yeux et mentis avec assurance.

- Je suis censé rester avec elle.

Hmm. Je me demande… Bon, très bien. Elle céda.

Cela marchait parfaitement sur elle. Pourquoi fallait-il que Bella me pose tant de difficultés ?

- Je vais te chercher un peu de glace pour ton front, petite, dit l'infirmière, mise mal à l'aise par sa confrontation avec mon regard – comme un humain était censé l'être – ; puis elle sortit.

- Tu avais raison, dit Bella d'une voix faible.

Que voulait-elle dire ? Je sautai directement à la pire conclusion : elle avait accepté mes avertissements.

- C'est souvent le cas, répondis-je, essayant de garder une trace d'amusement dans ma voix ; elle me semblait acerbe. À propos de quoi, cette fois ?

- Sécher est bon pour la santé.

Ah, encore ce soulagement.

Elle resta silencieuse. Elle ne faisait plus que respirer profondément. Ses lèvres retrouvaient peu à peu leur couleur rose, sa lèvre inférieure un peu trop pleine par rapport à l'autre. Regarder sa bouche me fit une impression étrange. Me donna envie de me rapprocher d'elle, ce qui n'était pas une bonne idée.

- Tu m'as flanqué une sacrée frousse, lui dis-je, pour relancer la conversation afin d'entendre le son de sa voix. J'ai cru que Mike Newton s'apprêtait à aller enterrer ta dépouille dans la forêt.

- Ha, ha.

- Franchement, j'ai vu des cadavres qui avaient meilleure mine. (C'était vrai.) J'ai craint un instant de devoir venger ton assassinat.

Et je l'aurais fait, sans aucune hésitation.

- Pauvre Mike, soupira-t-elle. Je parie qu'il est furax.

Une pulsion de fureur me traversa, mais je la contins rapidement. Sa préoccupation pour lui n'était que de la pitié. Elle était gentille. C'était tout.

- Il me déteste, lui confiai-je, égayé par cette idée.

- Tu n'en sais rien.

- J'en suis sûr, je l'ai lu sur son visage.

Il était probablement vrai que lire sur son visage m'aurait donné assez d'informations pour parvenir à cette conclusion. Tout cet entraînement avec Bella avait aiguisé ma compétence à déchiffrer les expressions humaines.

- Comment se fait-il que tu nous aies aperçus ? Je croyais que tu avais quitté le lycée.

Elle avait l'air d'aller mieux ; la couleur verdâtre avait déserté sa peau translucide.

- J'écoutais un CD dans ma voiture.

Elle tiqua, comme si une réponse aussi ordinaire l'avait surprise.

Elle garda les yeux ouverts lorsque Mme Hammond revint avec un sac de glace.

- Tiens, dit-elle en le posant sur le front de Bella. Tu as repris des couleurs.

- Je crois que ça va, assura Bella avant de s'asseoir en enlevant la compresse.

Évidemment. Elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle.

Mme Hammond tendit un instant ses mains ridées vers Bella, comme si elle allait la forcer à se rallonger, mais à ce moment-là Mme Cope ouvrit la porte de l'infirmerie et se pencha à l'intérieur. Avec elle entra une bouffée d'air chargé d'odeur de sang.

Invisible dans le bureau derrière elle, Mike Newton était toujours fâché, souhaitant que le garçon qu'il traînait à présent fût la fille qui était ici avec moi.

- Nous en avons un autre, lança Mme Cope.

Bella sauta rapidement à bas du lit de camp, pressée de ne plus être sous les projecteurs.

- Tenez, dit-elle à Mme Hammond en lui rendant la compresse, je n'en ai pas besoin.

Mike grogna en poussant Lee Stevens à l'intérieur de l'infirmerie. Le sang coulait toujours de la main qu'il portait à son visage, formant un filet mince qui courait vers son poignet.

- Flûte.

Il était temps que je parte, et à voir la mine de Bella, c'était vrai aussi pour elle.

- Va dans le bureau, Bella.

Elle me regarda de ses grands yeux étonnés.

- Fais-moi confiance et file.

Elle fit volte-face et passa par la porte avant qu'elle ne se fût refermée, se précipitant à l'accueil. Je la suivis, quelques centimètres derrière. Ses cheveux volaient et caressèrent ma main…

Elle se retourna pour me regarder, les yeux toujours grands ouverts.

- Tu m'as obéi, pour une fois, remarquai-je.

C'était une première. Son petit nez se fronça.

- J'ai détecté l'odeur du sang.

Je la fixai, aussi surpris que déconcerté.

- Pour la plupart des gens, le sang n'a pas d'odeur.

- Pour moi si. Un mélange de rouille et… de sel. Qui me rend malade.

Mon visage se gela, tandis que je continuais à l'observer. Était-elle vraiment humaine ? Elle en avait l'apparence. Elle était douce comme une humaine. Elle sentait l'humain – enfin, bien meilleur. Elle agissait comme une humaine… ou presque. Mais elle ne pensait pas comme une humaine, et ne répondait pas normalement non plus.

Mais quelle autre possibilité y avait-il ?

- Quoi ? me demanda-t-elle.

- Rien.

Mike Newton nous interrompit en faisant irruption dans la pièce, les pensées toujours pleines d'amertume et de violence.

- Tu as l'air d'aller beaucoup mieux, lui dit-il d'un ton qui frisait l'impolitesse.

Mes mains me démangèrent, brûlant de lui apprendre les bonnes manières. Il fallait que je me surveille, ou je risquais de finir par tuer cet insupportable garçon.

- Contente-toi de garder tes mains dans tes poches, lui répondit-elle.

L'espace d'une folle seconde, je crus qu'elle s'adressait à moi.

- Le test est fini, l'informa-t-il, maussade. Tu reviens en cours ?

- Tu plaisantes ? Je me retrouverais ici aussi sec.

C'était parfait. Moi qui avais cru que j'allais perdre cette heure, obligé de la passer loin d'elle, je me retrouvais avec du temps supplémentaire. Je me sentis avide, d'une avidité qui grandissait de minute en minute.

- Mouais, grommela Mike. Au fait, tu es partante, pour ce week-end ? La balade à la mer ?

Ah, ils avaient des projets ensemble. La colère me gela sur place. Ce n'était pourtant qu'une sortie de groupe. J'en avais entendu parler dans les têtes d'autres élèves. Ils ne seraient pas que tous les deux. Mais j'étais tout de même furieux. Je m'appuyai, immobile, contre le comptoir, essayant de me contrôler.

- Bien sûr, lui promit-elle. C'était entendu, non ?

Alors, elle lui avait dit oui, à lui aussi. La jalousie me brûla, encore plus douloureuse que la soif. Non, ce n'était qu'une sortie de groupe, tentai-je de me convaincre. Elle ne faisait que passer la journée avec des amis. Rien de plus.

- Rendez-vous au magasin de mon père, alors. À dix heures. Et Cullen n'est PAS invité.

- J'y serai, dit-elle.

- On se voit en gym.

- C'est ça.

Il se dirigea en traînant des pieds vers son cours suivant, les pensées pleines de rancœur. Mais qu'est-ce qu'elle lui trouve, à ce monstre ? C'est sûr, il est riche. Les nanas le trouvent craquant, mais franchement je ne vois pas pourquoi. Trop… trop parfait. Je parie que son père s'entraîne à la chirurgie plastique sur eux. C'est pour ça qu'ils sont tous si pâles et beaux. Ce n'est pas naturel. Et il est presque… effrayant. Parfois, quand il me regarde, je jurerais qu'il pense à me m'assassiner… Monstre…

Mike ne manquait pas complètement de discernement, finalement.

- Ah, la gym, grogna discrètement Bella.

Je la regardai, et vis qu'elle avait encore l'air triste. Je n'étais pas sûr d'en savoir la raison, mais il semblait clair qu'elle n'avait pas la moindre envie de retrouver Mike au cours suivant. Et j'étais complètement d'accord avec cette idée.

Je m'approchai et me penchai vers elle, sentant la chaleur émaner de sa peau jusqu'à toucher mes lèvres. Je n'osai pas respirer.

- Je peux arranger ça, lui glissai-je. Va t'asseoir et tâche d'avoir l'air malade.

Elle fit ce que je lui demandais, s'assit sur l'une des chaises pliantes et appuya son dos contre le mur tandis que, derrière moi, Mme Cope sortait du cagibi derrière la pièce et s'installait à son bureau. Avec ses yeux clos, Bella avait l'air de s'être à nouveau évanouie. Elle n'avait pas encore retrouvé toutes ses couleurs.

Je me tournai vers la secrétaire. Bella nous écoutait avec espoir, pensai-je sardoniquement. Elle verrait comment les humains étaient censés réagir.

- Mme Cope ? appelai-je, utilisant à nouveau ma voix la plus persuasive.

Elle se mit à battre des paupières, et son cœur s'emballa. Trop jeune, essaye un peu de te maîtriser !

- Oui ?

Voilà qui était intéressant. Quand le pouls de Shelly Cope accélérait, c'était parce qu'elle me trouvait séduisant, pas effrayant. J'en avais l'habitude près des humaines… mais je n'avais pas envisagé cette interprétation pour Bella.

Cette idée me plaisait. Trop, en fait. Je souris, et la respiration de Mme Cope se fit plus bruyante.

- Bella a cours de gym, après, et je ne pense pas qu'elle soit assez bien. En fait, je me demande si je ne devrais pas la ramener chez elle. Vous croyez que vous pourriez lui épargner cette épreuve ?

Je la regardai, feignant l'admiration pour ses yeux ternes, prenant plaisir à constater les dégâts que j'arrivais à produire sur ses facultés de réflexion. Était-il possible que Bella…?

Mme Cope dut déglutir bruyamment avant de répondre.

- Et toi, Edward, tu as aussi besoin d'un mot d'excuse ?

- Non, j'ai Mme Goff, elle comprendra.

Je ne lui accordais plus beaucoup d'attention. J'explorais cette nouvelle hypothèse.

Hmm. J'aurais aimé croire que Bella me trouvait séduisant, comme les autres humaines, mais depuis quand Bella avait-elle les mêmes réactions que les autres ? Je ne devais pas me bercer d'illusions.

- Bon, c'est d'accord. Tu te sens mieux, Bella ?

L'intéressée hocha faiblement la tête – sur-jouant un peu.

- Tu es en état de marcher ou il faut que je te porte ? demandai-je, amusé par son mauvais jeu.

Je savais qu'elle voudrait marcher. Elle ne voulait pas se montrer faible.

- Je me débrouillerai.

Encore bon. Je devenais de plus en plus fort à ce petit jeu.

Elle se leva, hésitant un moment, comme pour vérifier son équilibre. Je lui tins la porte, et nous sortîmes sous la pluie.

Je la regardai lever la tête vers la bruine qui tombait, un léger sourire aux lèvres. À quoi pensait-elle ? Quelque chose dans son attitude me semblait étrange, et je réalisai rapidement pourquoi sa posture ne m'était pas familière. Les humaines normales ne levaient pas la tête vers la pluie comme ça ; elles portaient toutes du maquillage, même ici, dans cet endroit humide.

Bella ne se maquillait pas, et elle avait bien raison. L'industrie cosmétique gagnait des milliards de dollars chaque année grâce aux femmes qui rêvaient d'avoir une peau comme la sienne.

- Ça vaudrait presque le coup d'être malade, ne serait-ce que pour manquer la gym, me dit-elle en souriant. Merci.

Je regardai autour de nous, me demandant comment prolonger ce moment avec elle.

- De rien.

- Tu viendras ? Samedi ?

Elle avait l'air pleine d'espoir. Cet espoir était si apaisant. Elle voulait que je sois là, à la place de Mike Newton. Et je voulus lui répondre oui. Mais beaucoup d'autres paramètres entraient en compte. Tout d'abord, le soleil brillerait ce samedi…

- Où allez-vous, exactement ?

Je tentai de garder une voix tranquille, comme si cela m'importait peu. Mike avait dit « plage », cependant. Il y avait peu de chances que j'échappe au soleil.

- À La Push. First Beach, pour être exacte.

Zut. Eh bien, au moins je n'aurais pas à peser le pour et le contre. Il était impossible que j'y aille. Et de toute façon, Emmett serait furieux si j'annulais notre excursion.

Je lui jetai un rapide coup d'œil, souriant d'un air désabusé.

- Je ne crois pas avoir été invité.

Elle soupira, déjà résignée.

- Qu'est-ce que je suis en train de faire ?

- Soyons sympa avec le pauvre Mike, toi et moi. Ne le provoquons pas plus que nécessaire. Nous ne voudrions pas qu'il morde.

Je pensai à mordre le pauvre Mike moi-même, et appréciai énormément cette image.

- Maudit Mike, ronchonna-t-elle, à nouveau dédaigneuse.

J'eus un grand sourire.

Mais elle commença à s'éloigner de moi. Sans penser à ce que je faisais, je la rattrapai et la retins par le dos de son coupe-vent. Elle fut secouée par cet arrêt soudain.

- Où crois-tu aller, comme ça ?

J'étais presque en colère contre elle, du fait qu'elle veuille me quitter. Je n'avais pas eu assez de temps avec elle. Elle ne pouvait pas partir, pas maintenant.

- Ben… à la maison, répondit-elle, déroutée par ma contrariété.

- J'ai promis de te ramener saine et sauve chez toi. Tu t'imagines que je vais te laisser conduire dans cet état ?

Je savais qu'elle n'aimerait pas cela. Je sous-entendais qu'elle était faible. Mais il fallait que je m'entraîne pour notre voyage de samedi, de toute façon. Que je voie si je pouvais surmonter cette proximité dans un espace clos. C'était un trajet beaucoup plus court.

- Quel état ? s'insurgea-t-elle. Et ma voiture ?

- Alice te la déposera après les cours.

Je la poussai le plus doucement possible vers ma voiture, puisque je savais dorénavant que la laisser marcher devant moi était risqué.

- Lâche-moi ! cria-t-elle en butant sur le trottoir et manquant de tomber.

Je tendis une main pour la soutenir, mais elle se redressa avent que j'aie eu le temps de le faire. Je ne devais pas chercher des excuses pour la toucher ainsi. Cela me fit penser à la réaction que Mme Cope avait eue en ma présence, mais je repoussai cet examen à plus tard. Il y avait beaucoup à tirer de cette réflexion.

Je la lâchai près de la voiture, et elle s'effondra sur la portière. Il me faudrait être plus précautionneux à l'avenir, prendre en compte son équilibre déficient…

- Quelle délicatesse !

- C'est ouvert.

Je rentrai et démarrai la voiture. Elle se tenait toujours dehors, rigide, bien que la pluie se fût intensifiée, et je savais qu'elle n'aimait ni le froid ni l'humidité. L'eau trempait ses cheveux épais, les fonçant jusqu'à les rendre presque noirs.

- Je suis parfaitement capable de rentrer chez moi toute seule !

Évidemment. C'était moi n'étais pas capable de la laisser partir. Je baissai la fenêtre et me penchai vers elle.

- Monte, Bella.

Elle plissa les yeux, et je devinai qu'elle se demandait si elle avait le temps de courir jusqu'à sa voiture.

- Je te jure que je te traînerai là-bas par la tignasse s'il le faut, lui assurai-je, amusé par la déception sur son visage lorsqu'elle réalisa que je le pensais vraiment.

Le menton haut, elle ouvrit la portière et monta dans la voiture. Ses cheveux gouttèrent sur le cuir et ses bottes couinèrent l'une contre l'autre.

- Tout ceci est inutile, déclara-t-elle froidement.

Sous son air digne, je lui trouvai l'air un peu embarrassée. J'augmentai le chauffage pour qu'elle soit plus à l'aise, et baissai la musique pour qu'elle ne forme plus qu'un fond sonore. Je me dirigeai vers la sortie, l'observant du coin de l'œil. Sa lèvre inférieure saillait en une moue boudeuse. Je la regardai, examinant ce que cela me faisait ressentir… repensant à la réaction de la secrétaire…

Soudain, elle regarda la radio et sourit, les yeux écarquillés.

- Clair de lune ? s'exclama-t-elle.

Une mordue de classique ?

- Tu connais Debussy ?

- Pas bien, dit-elle. Ma mère est une fan de classique. Je ne reconnais que mes morceaux préférés.

- C'est également l'un de mes favoris.

Je regardai la pluie tomber, méditant sur cette découverte. Nous avions au moins une chose en commun à présent. J'avais fini par penser que nous étions le contraire l'un de l'autre.

Elle avait l'air plus détendue, regardant la pluie comme moi, les yeux dans le vague. Je profitai de sa distraction momentanée pour essayer de respirer.

J'inhalai précautionneusement par le nez.

Puissant.

Je serrai le volant plus fort. La pluie la faisait sentir encore meilleur. Je n'aurais pas cru cela possible. Stupidement, je me demandai soudain quel goût elle aurait.

Je tentai d'avaler ma salive pour combattre la brûlure dans ma gorge, et penser à quelque chose d'autre.

- De quoi ta mère a l'air ? demandai-je, en quête d'une distraction.

Bella sourit.

- Elle me ressemble beaucoup, en plus jolie.

J'en doutais.

- Je tiens pas mal de Charlie, poursuivit-elle. Elle est plus extravertie que moi, plus courageuse.

J'en doutais aussi.

- Irresponsable, un peu excentrique. Sa cuisine est imprévisible. Je l'adore.

Sa voix se teinta de mélancolie, et son front se rida. À nouveau, on aurait dit un parent plutôt qu'un enfant.

Je m'arrêtai en face de chez elle, me demandant trop tard si j'étais censé savoir où elle habitait. Non, cela ne lui semblerait pas étrange, dans une si petite ville, avec un père connu de tous…

- Quel âge as-tu, Bella ?

Elle devait être plus âgée que ses condisciples. Peut-être avait-elle commencé l'école plus tard, ou avait-elle redoublé… cela me semblait peu probable, cependant.

- Dix-sept ans.

- Tu fais plus.

Elle rit.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

- Ma mère passe son temps à raconter que j'avais trente-cinq ans à la naissance et que je suis un peu plus dans la force de l'âge chaque année, rit-elle avant de soupirer. Il faut bien que quelqu'un soit adulte.

Cela rendait les choses plus claires. Je voyais maintenant… comment sa mère irresponsable aidait à expliquer la maturité de Bella. Elle avait dû mûrir tôt, pour devenir celle qui prenait tout en charge. C'était pour cela qu'elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle – elle estimait que c'était son travail.

- Toi non plus, tu n'as pas beaucoup l'allure d'un lycéen, me fit-elle remarquer, me sortant de ma rêverie.

Je grimaçai. À chaque fois que je découvrais un aspect de sa personnalité, il fallait qu'elle remarque elle aussi quelque chose chez moi. Je changeai de sujet.

- Pourquoi ta mère a-t-elle épousé Phil ?

Elle hésita une minute avant de répondre.

- Elle… elle n'est pas très mûre, pour son âge. Je crois que Phil lui donne l'impression d'être plus jeune. Et puis, elle est folle de lui.

Elle secoua la tête, indulgente.

- Tu approuves ?

- Quelle importance ? Je veux qu'elle soit heureuse… Et il est ce dont elle a envie.

Le désintéressement de ce commentaire m'aurait choqué, n'eut été le fait que cela cadrait parfaitement avec ce que j'avais appris de son caractère.

- C'est très généreux… Je me demande…

- Oui ?

- Pousserait-elle la courtoisie à te rendre la pareille ? Quel que soit le garçon que tu choisisses ?

C'était une question idiote, et je ne parvins pas à garder une voix détachée en la posant. Il était si stupide de penser que quelqu'un pourrait accepter que sa fille me choisisse.

- Je… je crois, bégaya-t-elle, régissant à mon regard intense.

Peur… ou attirance ?

- Mais c'est elle la mère, après tout, acheva-t-elle. C'est un peu différent.

Je souris, amer.

- Alors, pas un type trop effrayant, j'imagine.

Elle m'adressa un grand sourire.

- Qu'entends-tu par là ? Des piercings sur toute la figure et une collection de tatouages ?

- C'est une des définitions possibles du mot.

Une définition assez peu inquiétante, comparée à la mienne.

- Quelle est la tienne ?

Elle posait toujours les mauvaises questions. Ou peut-être justement les bonnes. Celles auxquelles je ne voulais pas répondre, en tout cas.

- Penses-tu que je pourrais passer pour effrayant ? lui demandai-je, essayant de sourire un peu.

Elle y réfléchit avant de me répondre d'une voix sérieuse.

- Euh… oui. Si tu le voulais.

J'étais également sérieux.

- As-tu peur de moi, là, maintenant ?

Elle répondit immédiatement, sans réfléchir cette fois.

- Non.

Je souris, plus décontracté. Je ne pensais pas qu'elle disait vraiment la vérité, mais elle ne mentait pas complètement non plus. Elle n'était pas assez effrayée pour s'en aller, au moins. Je me demandai ce qu'elle ressentirait si elle savait qu'elle était en train de discuter avec un vampire. J'eus un mouvement de recul interne à sa réaction imaginaire.

- Et toi ? Vas-tu me parler de ta famille ? Elle doit être bien plus intéressante que la mienne.

Plus effrayante, c'était sûr.

- Que veux-tu savoir ? demandai-je prudemment.

- Les Cullen t'ont adopté ?

- Oui.

Elle hésita, puis reprit d'une petite voix.

- Qu'est-il arrivé à tes parents ?

Ce n'était pas si difficile ; je n'avais même pas besoin de lui mentir.

- Ils sont morts il y a des années.

- Désolée, marmonna-t-elle, craignant visiblement de m'avoir blessé.

Elle s'inquiétait pour moi.

- Je ne m'en souviens pas bien, lui assurai-je. Carlisle et Esmée les ont remplacés depuis si longtemps.

- Et tu les aimes, déduisit-elle.

Je souris.

- Oui. Je doute qu'il y ait de meilleures personnes au monde.

- Tu as beaucoup de chance.

- J'en suis conscient.

Dans ce domaine, celui des parents, je ne pouvais pas nier ma chance.

- Et ton frère et ta sœur ?

Si je la laissais demander trop de détails, j'aurais à lui mentir. Je jetai un coup d'œil à l'horloge du tableau de bord, découragé de voir que mon moment avec elle touchait à sa fin.

- Mon frère et ma sœur, sans parler de Jasper et Rosalie, vont être furieux si je les fais languir sous l'averse.

- Désolée. Il faut que tu y ailles.

Elle ne bougea pas. Elle ne voulait pas que ce moment se termine, elle non plus. J'aimais beaucoup, beaucoup ça.

- De ton côté, tu préfères sûrement récupérer ta camionnette avant que le Chef Swan rentre, histoire de ne pas avoir à lui mentionner le petit incident de tout à l'heure.

Je souris au souvenir de son embarras, quand je l'avais prise dans mes bras.

- Je suis sûre qu'il est déjà au courant. Il n'y a pas de place pour les secrets, à Forks.

Elle prononça le nom de la ville avec un dégoût clairement audible. Je ris à ses paroles. Pas de secrets, en effet.

- Amuse-toi bien à la mer.

Je jetai un œil à la pluie torrentielle, sachant qu'elle n'allait pas durer, et souhaitant pourtant plus fort que d'habitude qu'elle persistât.

- Joli temps pour bronzer.

Enfin, ce serait le cas samedi. Elle apprécierait ça.

- Je te vois, demain ?

L'inquiétude dans sa voix me ravit.

- Non. Emmett et moi avons décidé de nous octroyer un week-end précoce.

Je me serais donné des gifles pour avoir eu cette idée. Je pouvais toujours annuler… Mais il était mieux que j'aille chasser, et ma famille s'inquiétait déjà assez de mon comportement pour que je ne leur révèle pas à quel point je devenais obnubilé par cette fille.

- Qu'est-ce que vous avez prévu ? demanda-t-elle, semblant déçue par ma réponse.

Bien.

- Une randonnée du côté de Goat Rocks, au sud du mont Rainier.

Emmett était impatient de voir arriver la saison des ours.

- Ah bon. Profites-en bien, me souhaita-t-elle à contrecœur.

Son manque d'enthousiasme me plut à nouveau.

Tandis que je la regardais, je me sentis presque déchiré à l'idée de lui faire ne seraient-ce que des adieux provisoires. Elle était si douce et vulnérable. Il me semblait imprudent de la perdre de vue, alors que n'importe quoi pouvait lui arriver. Et pourtant, les choses les plus horribles qui risquaient de lui arriver se passeraient si elle restait avec moi.

- Accepterais-tu de me rendre un service, ce week-end ? lui demandai-je d'un ton grave.

Elle acquiesça, les yeux grand ouverts et interrogatifs devant ma soudaine intensité.

Je devais rester léger.

- Ne le prends pas mal, mais j'ai l'impression que tu es de ces gens qui attirent les accidents comme un aimant. Alors... tâche de ne pas tomber à l'eau ni de te faire écraser par quoi que ce soit, d'accord ?

Je lui souris d'un air contrit, espérant qu'elle ne détecte pas la tristesse dans mes yeux. Je souhaitais tellement qu'elle ne soit pas trop heureuse en mon absence, quoi qu'il puisse lui arriver ici.

Cours, Bella, cours. Je t'aime trop, pour ton bien ou le mien.

Elle se fâcha, vexée, et me jeta un regard furieux.

- On verra ! aboya-t-elle, sortant affronter la pluie en claquant la portière le plus fort possible derrière elle.

Comme un chaton furieux persuadé d'être un tigre.

Je refermai le poing sur la clef que je venais de prendre dans la poche de sa veste, et fis demi-tour en souriant.
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Chapitre 6. Groupe Sanguin
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