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Forum RPG sur la saga Twilight
 
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 Chapitre 5. Invitations

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Mathilde
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Mathilde


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MessageSujet: Chapitre 5. Invitations   Chapitre 5. Invitations Icon_minitimeLun 1 Mar - 5:38

Le lycée. Ce n'était plus le purgatoire, mais l'enfer pur. Feu et tourments… oui, j'avais droit aux deux.

 Je faisais tout correctement maintenant. Personne ne pouvait prétendre que je manquais à mes obligations. 
 Pour faire plaisir à Esmé et protéger les autres, je restai à Forks. Je repris mon ancien emploi du temps. Je ne chassais pas plus que les autres. Tous les jours, je me présentais en cours et faisais l'humain. Tous les jours, j'écoutais attentivement si personne n'avait rien de nouveau à raconter à propos des Cullen – il n'y avait jamais rien. La fille ne dit pas un seul mot de ses soupçons. Elle répéta la même histoire encore et encore – jusqu'à ce que les oreilles avides de commérages en eussent assez de ne pas entendre de nouveaux détails. Il n'y avait aucun danger. Mon action précipitée n'avait nui à personne.
À personne sauf à moi-même.

 J'étais déterminé à changer le futur. Ce n'était pas la tâche la plus facile à se fixer, mais aucun autre choix ne m'était supportable.

 Alice disait que je ne serais pas assez fort pour m'obliger à me tenir à distance de la fille. Je lui prouverais qu'elle avait tort.
J'avais pensé que le premier jour serait le plus difficile. À la fin de celui-ci, j'en avais été persuadé. Mais je m'étais trompé.

 Le fait que j'allais devoir faire du mal à la fille m'était resté sur l'estomac. Je m'étais réconforté en me disant que sa douleur ne serait qu’une bagatelle – juste une petite piqûre de rejet – comparée à la mienne. Bella était humaine, et elle savait que j'étais quelque chose d'autre, quelque chose de mauvais, quelque chose d'effrayant. Elle serait probablement plus soulagée que blessée quand je tournerais ma tête ailleurs et prétendrais qu'elle n'existait pas.
- Bonjour, Edward, m'accueillit-elle, le premier jour suivant l'accident en biologie.
Sa voix avait été agréable, amicale, aux antipodes de sa voix la dernière fois que je lui avais parlé. Pourquoi ? Que signifiait ce changement ? Avait-elle oublié ? Décidé qu'elle avait rêvé tout l'épisode ? Avait-elle vraiment pu me pardonner de ne pas avoir tenu ma promesse ? Les questions m'avaient brûlé la langue comme la soif qui m'attaquait chaque fois que je respirais.

 Juste un instant, que je puisse regarder dans ses yeux. Juste pour voir si je pouvais y lire les réponses…

 Non. Je ne pouvais même pas me permettre cela. Pas si je voulais changer le futur.

J'avais tourné mon menton d'un centimètre vers elle tout en regardant droit devant moi. J'avais hoché la tête, puis retourné ma tête vers le devant de la classe.
Elle ne m'avait plus reparlé.

Cet après-midi-là, aussitôt l'école finie, mon rôle rempli, je courus vers Seattle comme la veille. Il me semblait que je pouvais contrôler la douleur plus facilement quand je volais au-dessus du sol, quand le paysage autour de moi se transformait en une tâche verte et floue.

 Cette course devint une habitude quotidienne.

 L'aimais-je ? Je ne pensais pas. Pas encore. Cependant, les aperçus du futur qu'avait eu Alice me hantaient, et je pouvais voir à quel point il serait facile de tomber amoureux de Bella. Ce serait exactement comme tomber : sans effort. M'empêcher de l'aimer était le contraire de tomber – c'était m'obliger à escalader falaise à mains nues, une tâche aussi épuisante que si j'avais la force d'un mortel.

 Plus d'un mois passa, et chaque jour devint plus difficile. Cela n'avait aucun sens – et j'attendais de m'y habituer, que l'effort devienne plus facile. C'était sûrement ce qu'Alice avait voulu dire quand elle avait prédit que je n'arriverais pas à ne pas m'approcher de la fille. Elle avait vu la montée en flèche de la douleur. Mais je pouvais maîtriser la douleur.

 Je ne détruirais pas le futur de Bella. Si j'étais destiné à l'aimer, l'éviter ne serait-il pas le minimum que je puisse faire ?

 Cependant, l'éviter était à la limite du supportable. Je pouvais prétendre l'ignorer, et ne jamais regarder dans sa direction. Je pouvais prétendre qu'elle ne m'intéressait pas. Mais cela s'arrêtait là – simulation, et non réalité. J'étais toujours suspendu à ses lèvres et j’écoutais la moindre de ses inspirations, la moindre de ses paroles.

 Je classai mes tourments en quatre catégories.
Les deux premiers étaient familiers. Son odeur et son silence. Ou, plutôt – pour assumer mes responsabilités, puisque tout était de ma faute –, ma soif et ma curiosité.

La soif était le tourment le plus primitif. Maintenant, par habitude, je ne respirais plus du tout en biologie. Bien sûr, il y avait toujours des exceptions – quand je devais répondre à une question, par exemple, et que j'avais besoin de souffle pour parler. Chaque fois que je goûtais l'air autour de la fille, c'était la même chose que le premier jour – le feu, le désir et la violence brutale désespérée de pouvoir se libérer. Il m'était difficile de me raccrocher un tant soit peu à la raison et à la restriction dans ces moments-là. Et, comme au premier jour, le monstre en moi rugissait, si proche de la surface…

 La curiosité était mon tourment le plus constant. La question ne me quittait plus l'esprit : Que pense-t-elle à ce moment précis ? Quand je l'entendais soupirer doucement. Quand elle enroulait une mèche de ses cheveux autour de son doigt d'un air absent. Quand elle jetait ses livres avec plus de force sur la table. Quand elle arrivait en courant en classe, presque en retard. Quand elle tapait du pied impatiemment. Chacun de ses mouvements, attrapés du coin de l'œil, était un mystère qui me rendait fou. Quand elle parlait avec d'autres humains, j'analysais ses moindres paroles et accentuations.
Pensait-elle ce qu'elle disait ? Il me semblait qu'elle disait souvent ce que l'on attendait d'elle, et cela me rappelait ma famille et notre vie de tous les jours faite d'illusions – nous y étions meilleurs qu'elle.
À moins que je ne me trompe également à propos de cela, allant imaginer des choses. Pourquoi devrait-elle avoir un rôle à jouer ? Elle était l'une d'entre eux – une adolescente humaine.

 Mike Newton était mon tourment le plus surprenant. Qui aurait cru qu'un mortel aussi banal et ennuyeux puisse être irritant à ce point ? En fait, j'aurai dû ressentir de la gratitude envers cet énervant garçon ; il faisait parler la fille plus que les autres. J'apprenais tant de choses sur elle à travers ces conversations – je travaillais toujours sur ma liste – mais, au contraire, l'implication de Mike dans ce projet ne faisait que m'exaspérer encore plus. Je ne voulais pas que ce soit Mike qui découvre ses secrets. Je voulais le faire moi-même.

 Le fait qu'il ne semblait jamais remarquer ses petites révélations, ses lapsus, aidait un peu. Il ne connaissait rien d'elle. Il avait créé dans sa tête une Bella qui n'existait pas – une fille aussi banale que lui. Il n'avait pas remarqué son sens de l'abnégation, ni son courage qui la différenciaient des autres humains ; il n'entendait pas la maturité exceptionnelle de ses paroles. Il ne remarquait pas que quand elle parlait de sa mère, elle ressemblait plus à un parent parlant de son enfant que le contraire – aimante, indulgente, légèrement amusée, et férocement protectrice. Il n'entendait pas la patience de ses mots quand elle feignait de s'intéresser à ses histoires décousues, et ne devinait pas la gentillesse cachée derrière cette patience.
À travers ses conversations avec Mike, je pus ajouter la qualité la plus importante de ma liste, la plus révélatrice, aussi simple que rare. Bella était bonne. Toutes ses autres qualités menaient à ce tout – gentille, détachée, désintéressée, aimante et courageuse – elle était bonne de bout en bout.
Ces découvertes utiles ne me faisaient pas aimer le garçon pour autant. La façon possessive avec laquelle il regardait Bella – comme si elle était un lot à gagner – me provoquait autant que ses fantasmes grossiers. Il devenait plus sûr de lui avec le temps, parce qu'elle semblait le préférer à ceux qu'il considérait comme ses rivaux – Tyler Crowley, Éric Yorkie, et même, sporadiquement, moi-même. Il venait s'asseoir sur le bord de notre table, du côté de Bella, avant le début du cours, bavardant, encouragé par ses sourires. Rien que des sourires polis, me disais-je. Quoi qu'il en soit, je m'imaginais souvent en train de l'envoyer d'un revers de main à travers la salle pour le voir heurter le mur du fond… Cela ne le blesserait probablement pas mortellement…

 Mike ne pensait pas souvent à moi comme à un rival. Après l'accident, il avait craint que cette expérience partagée ne nous rapproche, Bella et moi, mais clairement, le contraire s'était produit. Avant cela, il s'était inquiété que je choisisse Bella parmi ses pairs pour avoir son attention. Mais maintenant que je l'ignorais autant que les autres, il devenait de plus en plus sûr lui. Que pensait-elle ? Accueillait-elle chaleureusement son attention ?

 Et finalement, le dernier de mes tourments, le plus douloureux : l'indifférence de Bella. Tout comme je l'ignorais, elle m'ignorait. Elle n'essayait jamais de me parler. Pour autant que je sache, il ne lui arrivait jamais de penser à moi.
Cela aurait suffi à me rendre fou – ou même à briser ma résolution de changer le futur – sauf qu'elle me regardait parfois comme elle le faisait avant. Je ne le voyais jamais par moi-même, parce que je ne pouvais pas m'y autoriser, mais Alice nous prévenait toujours au moment où elle allait regarder ; les autres se méfiaient toujours du savoir problématique de la fille.

 Cela soulageait un peu ma douleur, de savoir qu'elle me regardait de loin, de temps en temps. Bien sûr, il se pouvait qu'elle se demande juste quel genre de monstre j'étais.
- Bella va regarder Edward dans une minute. Ayez l'air normal, dit Alice un mardi de mars, et les autres firent attention à bouger et à changer leur poids de jambe de temps en temps comme les humains ; l'immobilité absolue était une marque de notre espèce.
Je comptais le nombre de fois qu'elle regardait dans ma direction. Cela me faisait plaisir, même si cela n'aurait pas dû, que la fréquence de ses regards ne déclinât pas avec le temps. Je ne savais pas ce que cela signifiait, mais cela me rendait heureux.

Alice soupira. Si seulement…
- Reste en dehors de ça, Alice, soufflai-je. Ça n'arrivera pas.

 Elle fit la moue. Alice était impatiente de former son amitié prévue avec Bella. D'une certaine façon, la fille qu'elle ne connaissait pas lui manquait.
J'admets que tu es meilleur que je ne l'aurais pensé. Ton futur est redevenu tout embrouillé, insensé. J'espère que tu es heureux.
- Ça a du sens pour moi.
Elle grogna délicatement.
J'essayai de la mettre à l'écart, trop impatient pour parler avec elle. Je n'étais pas de très bonne humeur – plus tendu que je ne laissais aucun d'entre eux le voir. Seul Jasper pouvait voir à quel point j'étais retourné, sentant le stress émaner de moi grâce à sa capacité unique de sentir et influencer les sentiments autour de lui. Cependant, il ne comprenait pas les raisons derrières ces sensations, et – étant donné que j'étais constamment d'une humeur massacrante ces jours-ci – il n'en tenait plus compte.

Aujourd'hui serait un jour difficile. Plus difficile que les précédents, comme l'avaient annoncé les prévisions d'Alice.
Mike Newton, ce garçon odieux avec lequel je n'étais pas autorisé à rivaliser, allait demander à Bella de sortir avec lui. Un bal auquel les filles devaient inviter les garçons se profilait à l'horizon, et il espérait vivement que Bella l'y inviterait. Qu'elle ne l'eût pas déjà fait avait ébranlé son assurance. Maintenant, il se trouvait dans une situation inconfortable – j'appréciais son malaise plus que je ne l'aurais dû –, car Jessica Stanley venait de l'inviter au bal. Il ne voulait pas dire "oui", espérant toujours que Bella le choisisse (et le donne vainqueur sur ses rivaux), mais il ne voulait pas dire "non" et risquer de ne pas aller au bal au final. Jessica, blessée par son indécision et devinant la raison derrière celle-ci, en voulait mortellement à Bella. De nouveau, je ressentis le besoin urgent de me placer entre les pensées noires de Jessica et Bella. Je comprenais bien mieux ce besoin à présent, mais ce n'en était que plus frustrant puisque je ne pouvais pas agir.
Quand je pense que j'en étais arrivé là ! J'étais complètement obsédé par les insignifiants drames de lycée qu'autrefois je méprisais tant.

 Mike se préparait mentalement en marchant jusqu'à la salle de biologie avec Bella. J'écoutai ses efforts en les attendant venir. Le garçon était faible. Il avait attendu ce bal dans le but de ne pas devoir exposer son amourette avant qu'elle n'ait montré une quelconque préférence pour lui. Il ne voulait pas se rendre vulnérable au rejet, et attendait qu'elle fasse le premier pas.

Lâche.

 Il s'assit de nouveau sur notre table, à l'aise par habitude, et j'imaginai le son que ferait son corps en s'écrasant sur le mur opposé avec assez de force pour briser la plupart de ses os.
- Alors, dit-il à Bella, les yeux fixés sur le sol. Jessica m'a invité au bal.
- C'est super,
répondit-elle aussitôt avec enthousiasme.
Il me fut difficile de ne pas sourire lorsque son ton s'imprima lentement dans l'esprit de Mike. Il avait tablé sur sa consternation.
- Tu vas bien t'amuser avec Jessica.
Il chercha précipitamment une réponse adaptée.
- Eh bien… hésita-t-il, manquant de se dégonfler avant de se reprendre. Je lui ai dit que je devais y réfléchir.

- Pourquoi ferais-tu une chose pareille ?
demanda-t-elle.
Son ton était désapprobateur, mais il contenait également une minuscule touche de soulagement. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Une fureur intense et à laquelle je n'étais pas préparé me fit serrer les poings.

 Mike n'entendit pas le soulagement. Sa figure était rouge sang – dans mon humeur soudainement féroce, cela retentissait comme une invitation – et il regarda par terre tandis qu'il parlait de nouveau.
- Je me demandais si... si tu avais prévu de m'inviter.
Bella hésita. Pendant cette seconde d'hésitation, je vis le futur plus clairement qu'Alice ne l'avait jamais vu.
Bella pouvait dire oui à la question sous-jacente de Mike maintenant, elle pouvait dire non, mais de quelque façon que ce soit, viendrait un jour prochain où elle dirait oui à quelqu'un. Elle était charmante et envoûtante, et les mâles humains n'étaient pas inconscients de ce fait. Qu'elle se décide pour quelqu'un parmi cette foule terne, ou qu'elle attende d'être libérée de Forks, un jour viendrait où elle dirait oui.
Je vis sa vie comme je l'avais vue précédemment – études, carrière… amour, mariage. Je la vis au bras de son père de nouveau, habillée de gaze blanche, le visage rosi de bonheur alors qu'elle avancerait au son de la marche de Wagner.

 La douleur que je ressentis alors fut pire que tout ce que j’avais jamais ressenti. Un humain aurait agonisé en ressentant cette douleur – un humain n'y aurait pas survécu.

 Et pas seulement de la douleur, mais aussi une rage totale.
Ma fureur avait besoin d'un exutoire physique. Bien que ce garçon ne soit peut-être pas celui auquel Bella dirait oui, je désirais férocement écraser son crâne dans ma main, en remplacement de celui qu'elle choisirait.

 Je ne compris pas cette émotion – c'était un tel enchevêtrement de douleur et de rage, de désir et de désespoir. Je ne l'avais jamais ressenti jusqu'alors ; je ne pus mettre un nom dessus.
- Mike, je pense que tu devrais lui dire oui, dit Bella d'une voix douce.
Les espoirs de Mike s'effondrèrent. Je l'aurais apprécié dans d'autres circonstances, mais j'étais perdu dans le choc qui suivait la douleur – et le remords de ce qu'avaient provoqué la douleur et la rage en moi.

 Alice avait raison. Je n'étais pas assez fort.
À ce moment précis, elle devait voir le futur tournoyer et se transformer, pour redevenir mutilé. Cela lui ferait-il plaisir ?
- Tu as déjà invité quelqu'un ? demanda Mike d'un air maussade.
Il me jeta un coup d'œil, suspicieux pour la première fois depuis des semaines.
Je réalisai que j'avais trahi mon intérêt ; ma tête était inclinée dans la direction de Bella. L'envie sauvage dans les pensées de Mike – une envie pour la place de quiconque la fille lui préférerait – mit soudainement un nom sur mon émotion indescriptible.
J'étais jaloux.

- Non, dit la fille avec une pointe d'humour dans sa voix. Je ne vais pas au bal.
À travers tous les remords et la colère, je ressentis du soulagement à ces mots. Soudain, j'avais commencé à considérer mes rivaux.
- Pourquoi ? demanda Mike, presque impoliment.
Cela m'offensait qu'il utilise ce ton avec elle. Je retins un grognement.

- Je vais à Seattle ce jour-là, répondit-elle.
La curiosité ne fut pas aussi brutale qu'elle l'aurait été avant – maintenant que je prévoyais clairement de découvrir les réponses à tout. Je découvrirais le pourquoi et le comment de cette nouvelle révélation bien assez tôt.
Le ton de Mike devint désagréablement enjôleur.
- Est-ce que ça ne peut pas attendre un autre week-end ?
- Désolée, non. (Le ton de Bella était plus brusque à présent.) Tu ne devrais donc pas faire attendre Jess plus longtemps – c'est impoli.

 Son inquiétude pour les sentiments de Jessica apaisa les flammes de ma jalousie. Ce voyage à Seattle était clairement une excuse pour dire non – refusait-elle purement par loyauté envers son amie ? Elle était largement assez désintéressée pour ça. Aurait-elle espéré pouvoir dire oui ? Ou mes deux conclusions étaient-elles fausses ? Était-elle intéressée par quelqu'un d'autre ?
- Oui, tu as raison, marmotta Mike, si démoralisé que je ressentis presque de la pitié pour lui.
Presque.
Il baissa les yeux, me coupant la vue de son visage par ses pensées.

Je n'allais pas tolérer cela. Je me tournai pour lire moi-même son visage, pour la première fois en plus d'un mois. C'était un soulagement terrible de pouvoir m'accorder ceci, comme une grande bouffée d'air pour des poumons humains à moitié noyés.

Ses yeux étaient fermés, et ses mains pressées contre son visage. Ses épaules étaient penchées vers l'avant en un mouvement de défense. Elle secouait sa tête tout doucement, comme si elle voulait éloigner une pensée de son esprit.

Frustrant. Fascinant.
La voix de M. Banner la sortit de sa rêverie, et ses yeux s'ouvrirent lentement. Elle me regarda immédiatement, peut-être sentant mon regard. Elle plongea son regard dans le mien avec la même expression perplexe que celle qui m'avait hanté pendant si longtemps.

 Je ne ressentis ni remords, ni culpabilité, ni rage à cet instant. Je savais qu'ils reviendraient, et bientôt, mais pendant ce moment je ressentis une sensation de bien-être étrange et tendue. Comme si j'avais triomphé plutôt que perdu.
Elle ne détourna pas son regard, bien que je la fixasse avec une intensité peu opportune, essayant vainement de lire ses pensées dans ses yeux de chocolat fondu. Ils étaient pleins de questions, plutôt que de réponses.

 Je pus voir le reflet de mes propres yeux, et je vis qu'ils étaient noirs de soif. Cela faisait presque deux semaines que je n'avais pas chassé ; ma volonté avait choisi le mauvais jour pour s'effondrer. Mais la noirceur ne sembla pas l'effrayer. Elle ne détournait toujours pas les yeux, et un rose doux et dévastateur commença à teinter ses joues.

 Que pensait-elle en ce moment ?

 Je faillis poser cette question à voix haute, mais à ce moment-là, M. Banner appela mon nom. Je pris rapidement la bonne réponse dans sa tête en regardant brièvement dans sa direction.

 Je pris une courte inspiration.
- Le cycle de Krebs.
La soif me brûla la gorge – raidissant mes muscles et remplissant ma bouche de venin – et je fermai les yeux, essayant de contrôler le désir de son sang qui faisait rage à l'intérieur de moi.

Le monstre était plus fort qu'avant. Il se réjouissait. Il embrassait ce futur de deux possibilités qui lui donnait une chance sur deux d'obtenir ce qu'il désirait si ardemment. La troisième possibilité, le troisième futur chancelant que j'avais essayé de construire par ma simple volonté s'était effondré – détruit de surcroît par une simple jalousie –, alors qu'il était si proche de son but.

 Le remords et la culpabilité me brûlaient avec la soif, et, si j'avais eu la capacité de produire des larmes, elles auraient rempli mes yeux à présent.
Qu'avais-je fait ?
Sachant que la bataille était perdue d'avance, il me semblait qu'il n'y avait aucune raison pour que je résiste à ce que je voulais ; je me tournai pour regarder une nouvelle fois la fille.

 Elle s’était cachée derrière ses cheveux, mais je pouvais voir à travers une séparation dans sa chevelure, que ses joues étaient d'un rouge cramoisi foncé à présent.
Le monstre aimait cela.
Elle ne rencontra plus mon regard, mais elle enroula nerveusement une mèche de ses cheveux foncés autour de ses doigts. Ses doigts délicats, son poignet fin – ils étaient si fragiles, on aurait pu croire que mon souffle à lui seul pourrait les briser net.

 Non, non, non. Je ne pouvais pas faire cela. Elle était trop fragile, trop bonne, trop précieuse pour mériter ce destin. Je ne pouvais pas autoriser ma vie à entrer en collision avec la sienne, à la détruire.

Mais je ne pouvais pas non plus m'éloigner d'elle. Alice avait raison à propos de cela.

Le monstre en moi siffla de frustration alors que je vacillais, m'engageant dans une voie puis dans l'autre.

 Ma brève heure avec elle passa beaucoup trop rapidement. La sonnerie retentit, et elle commença à ramasser ses affaires sans me regarder. Cela me déçut, mais je ne pouvais pas m'attendre au contraire. La façon dont je l'avais traitée depuis l'accident était inexcusable.
- Bella ? dis-je, incapable de m'en empêcher.
Ma volonté était déjà réduite en miettes.

Elle hésita avant de me regarder ; quand elle se retourna, son expression était prudente et méfiante. Je me remémorai qu'elle avait toutes les raisons d'être méfiante. Qu'elle devait l'être.

 Elle attendit que je continue, mais je ne fis que la fixer, lisant son visage. Je prenais de courtes inspirations à intervalles réguliers, luttant contre la soif.
- Qu'est-ce qu'il y a ? dit-elle finalement. Tu recommences à me parler ?
Il y avait une trace de ressentiment dans sa voix, qui était, comme sa colère, attachante. Cela me donnait envie de sourire.

Je n'étais pas sûr de quelle façon répondre à sa question. Recommençais-je à lui parler, dans le sens qu'elle entendait ? Non. Pas si je pouvais m'en empêcher. J'essaierais de m'en empêcher.
- Non, pas vraiment, lui dis-je.
Elle ferma les yeux, ce qui me frustra. Cela coupait ma seule voie d'accès à ses pensées. Elle prit une longue inspiration sans ouvrir les yeux. Sa mâchoire était serrée. Les yeux toujours fermés, elle parla. Ce n'était clairement pas une habitude humaine pour converser. Pourquoi faisait-elle cela ?
- Que veux-tu dans ce cas, Edward ?

 Le son de mon nom sur ses lèvres fit de drôles de choses dans mon corps. Si j'avais eu un cœur, il se serait affolé.

 Mais comment lui répondre ? Par la vérité, décidai-je. J'essaierais d'être aussi sincère que possible avec elle à partir de maintenant. Je ne voulais pas mériter sa défiance, même si avoir sa confiance était impossible.
- Je suis désolé, lui dis-je. (C'était plus vrai qu'elle le ne saurait jamais. Malheureusement, je ne pouvais m'excuser que pour les choses les moins importantes.) Je sais que je suis très malpoli envers toi. Mais c'est mieux ainsi, vraiment.

 Ce serait mieux pour elle si je pouvais continuer à être malpoli. Pouvais-je le faire ? Ses yeux s'ouvrirent, toujours aussi prudents.
- Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

 J'essayai de faire transparaître dans ma voix autant d'avertissements que je pouvais me le permettre.

- C'est mieux que nous ne soyons pas amis.
Elle avait au moins senti cela. Elle était une fille intelligente.
- Fais-moi confiance.
Elle plissa les yeux, et je me rappelai que j'avais prononcé ces mots auparavant – juste avant de trahir ma promesse. Je fis la grimace en l'entendant claquer des dents – apparemment, elle s'en souvenait, elle aussi.
- Vraiment dommage que tu ne t'en sois pas rendu compte plus tôt, dit-elle avec colère. Tu aurais pu t'éviter tous ces regrets.

 Je la fixai, sous le choc. Que savait-elle de mes regrets ?
- Des regrets. Des regrets pour quoi ? demandai-je.
- Pour ne pas avoir laissé ce stupide van m'écraser ! lâcha-t-elle.

Je restai paralysé sur place, stupéfait.
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MessageSujet: Re: Chapitre 5. Invitations   Chapitre 5. Invitations Icon_minitimeLun 1 Mar - 5:39

Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Lui avoir sauvé la vie était la seule chose acceptable que j'avais faite depuis que je l'avais rencontrée. La seule chose dont je n'avais pas honte. La seule et unique chose pour laquelle j'étais content d'exister. Je me battais pour qu'elle vive depuis le premier moment où j'avais senti son odeur. Comment pouvait-elle penser une telle chose de moi ? Comment pouvait-elle remettre en question mon unique bonne action dans tout ce gâchis ?
- Tu penses que je regrette de t'avoir sauvé la vie ?
- Je le sais,
rétorqua-t-elle.
Son estimation de mes intentions me faisait bouillir de rage.
- Tu ne sais rien du tout.
Comme les mécanismes de son esprit étaient tordus ! Elle ne devait pas penser comme le reste des humains. Cela devait expliquer son silence mental. Elle était complètement différente.
Elle détourna brusquement sa tête, serrant à nouveau les dents. Ses joues étaient rouges, de colère cette fois. Elle jeta ses livres en tas, les prit d'un mouvement sec dans ses bras, et sortit d'un pas décidé sans rencontrer mon regard.
Même irrité comme je l'étais, il était impossible de ne pas trouver sa colère un peu amusante.
Elle marchait avec raideur, sans regarder où elle allait, et son pied se prit dans l'encadrement de la porte. Elle trébucha et toutes ses affaires s'éparpillèrent sur le sol. Au lieu de se pencher pour les ramasser, elle resta debout, droite et rigide, sans même regarder par terre, comme si elle n'était pas sûre que les livres vaillent la peine d'être ramassés.
Je réussis à ne pas rire.
Il n'y avait personne pour me voir ; je fus à ses côtés en un instant, et eus rassemblé ses livres avant qu'elle ne regarde par terre.
Elle se pencha à moitié, me vit, et se figea. Je lui tendis ses livres, en prenant garde à ce que ma peau glacée ne touche pas la sienne.
- Merci, dit-elle d'une voix glaciale et sévère.
Son ton ramena mon irritation.
- Je t'en prie, lui répondis-je tout aussi froidement.
Elle se releva et s'éloigna d'un pas lourd vers son cours suivant.
Je la suivis du regard jusqu'à ne plus pouvoir voir son visage empreint de colère.
Le cours d'espagnol passa en un éclair. Mme Goff n'interrogea pas mon air absent – elle savait que mon espagnol était meilleur que le sien, et elle me laissa tranquille – me permettant de songer.
Donc, je ne pouvais pas ignorer la fille. Cela au moins était évident. Mais cela voulait-il dire que je n'avais d'autre choix que de la détruire ? Cela ne pouvait pas être le seul futur possible. Il devait y avoir un autre choix. Je cherchai à trouver un moyen...
Je ne prêtai pas vraiment attention à Emmett avant la fin de l'heure. Il était curieux – Emmett n'était pas particulièrement intuitif quand il s'agissait des humeurs des autres, mais il avait perçu le changement évident en moi. Il se demandait ce qui s'était passé pour que j'eusse retiré le masque permanent d'humeur massacrante de mon visage. Il essaya d'identifier le changement, et décida finalement que j'avais l'air plein d'espoir.
Plein d'espoir ? Était-ce ce de quoi j'avais l'air, vu du dehors ?
Je réfléchis à l'idée d'espoir en marchant avec lui vers la Volvo, me demandant exactement ce que je pouvais espérer.
Mais je ne réfléchis pas longtemps. Sensible comme je l'étais aux pensées autour de la fille, le son du nom de Bella dans les pensées de... de mes rivaux, je suppose que je devais l'admettre, attira mon attention. Éric et Tyler, ayant entendu parler – avec beaucoup de satisfaction – de l'échec de Mike, se préparaient à jouer leurs coups.
Éric était déjà en place, appuyé contre sa camionnette, où elle ne pourrait pas l'éviter. Tyler était sorti en retard de son cours, le professeur rendant un devoir, et il était désespéré de pouvoir encore la rattraper avant qu'elle ne s'échappe.
Je devais absolument voir cela.
- Attends les autres ici, d'accord ? murmurai-je à Emmett.
Il me scruta, soupçonneux, avant de hausser les épaules et d'acquiescer.
Il a perdu la raison, pensa-t-il, amusé par mon étrange demande.
Je vis Bella sortir du gymnase, et attendis à un endroit où elle ne me verrait pas la regarder passer. Alors qu'elle s'approchait de l'embuscade d'Éric, j'avançai à grands pas, mesurant exactement mes pas pour passer à côté d'elle au bon moment.
- Salut, Éric, l'entendis-je appeler d'une voix amicale.
Brusquement, sans que je m'y attende, je me sentis très anxieux. Et si cet adolescent dégingandé à la peau malsaine lui plaisait d'une façon ou d'une autre ?
Éric avala bruyamment sa salive, sa pomme d'Adam dansant de haut en bas.
- Salut, Bella.
Elle ne semblait pas consciente de sa nervosité.
- Quoi de neuf ? demanda-t-elle, ouvrant la porte de sa camionnette sans voir son expression terrifiée.
- Euh, je me demandais juste... si tu voulais venir au bal de printemps avec moi ?
Sa voix se cassa.
Elle le regarda enfin. Était-elle prise au dépourvu, ou contente ? Éric n'osait pas rencontrer son regard, je ne pouvais donc pas voir son visage dans ses pensées.
- Je croyais que c'étaient les filles qui invitaient les garçons, dit-elle, ayant l'air de se démonter.
- Eh bien, oui, acquiesça-t-il, l'air misérable.
Ce garçon me faisait pitié plus qu’il ne m'irritait comme le faisait Mike Newton, mais je ne réussis pas à éprouver de la sympathie pour son angoisse avant que Bella ne lui eût répondu d'une voix douce.
- Merci de m'inviter, mais je serai à Seattle ce jour-là.
Il avait déjà entendu cela; c'était quand même une déception.
- Oh, bredouilla-t-il, osant à peine lever ses yeux au niveau de son nez. Peut-être la prochaine fois.
- Bien sûr, acquiesça-t-elle.
Elle se mordit ensuite la lèvre, comme si elle regrettait de lui laisser de l'espoir. J'aimai cela.
Éric s'effondra sur lui-même et s'éloigna à grands pas, dans la mauvaise direction pour rejoindre sa voiture, sa seule pensée étant de s'échapper.
Je passai à côté d'elle à ce moment-là, et entendis son soupir de soulagement. Je ris.
Elle se retourna à ce son, mais je regardai droit devant moi, essayant d'empêcher mes lèvres de trahir mon amusement.
Tyler était derrière moi, courant presque dans sa hâte de la rattraper avant qu'elle ne puisse s'en aller. Il était plus hardi et confiant que les deux premiers ; il n'avait attendu pour s'approcher de Bella que par respect pour Mike qui clamait son antériorité.
Je voulais qu'il réussisse à la rattraper pour deux raisons. Si – comme je commençais à le suspecter – toute cette attention contrariait Bella, je voulais savourer sa réaction. Mais, si ce n'était pas cela – si l'invitation de Tyler était celle qu'elle attendait – alors je voulais le savoir aussi.
Je mesurais Tyler Crowley comme un rival, tout en sachant que c'était mal de le faire. Il avait l'air banal et ennuyeux pour moi, mais que savais-je des préférences de Bella ? Peut-être aimait-elle les garçons banals...
Je frémis à cette pensée. Je ne serais jamais un garçon banal. Comme c'était bête de ma part de vouloir me poser comme rival pour son affection. Comment pourrait-elle jamais se soucier de quelqu'un qui était, sur tous les plans, un monstre ?
Elle était trop bonne pour un monstre.
J'aurais dû la laisser s'échapper, mais ma curiosité inexcusable me garda de faire la bonne chose. Encore une fois. Mais, et si Tyler manquait sa chance maintenant, seulement pour la contacter plus tard, quand je n'aurais aucune chance de savoir ce qui en résulterait ? Je déboîtai ma Volvo dans le passage étroit, bloquant sa sortie.
Emmett et les autres étaient en route, mais il leur avait décrit mon étrange attitude, et ils marchaient lentement, essayant de déchiffrer ce que je faisais.
Je regardai la fille dans mon rétroviseur. Elle fixait d'un regard noir l'arrière de ma voiture sans rencontrer mon regard, ayant l'air de souhaiter conduire un tank plutôt qu'une vieille Chevy toute rouillée.
Tyler se précipita vers sa voiture et prit sa place dans la file derrière elle, reconnaissant pour mon attitude inexplicable. Il lui fit un signe, essayant d'attirer son attention, mais elle ne le remarqua pas. Il attendit un moment, puis laissa sa voiture, allant flâner près de la vitre passager de la voiture de Bella. Il tapa contre la vitre.
Elle sursauta, puis le fixa, confuse. Après une seconde, elle baissa la vitre à la main, apparemment avec difficulté.
- Je suis désolée, Tyler, dit-elle, irritée. Je suis coincée derrière Cullen.
Elle prononça mon nom de famille d'une voix dure – elle était toujours en colère contre moi.
- Oh, je sais, dit Tyler, pas du tout dissuadé par l'évidente mauvaise humeur de Bella. Je voulais juste te demander quelque chose pendant qu'on est coincés ici.
Son sourire était culotté.
Je fus satisfait de la façon dont elle blêmit en comprenant ce qu'il allait faire.
- Voudrais-tu me demander d'aller au bal de printemps avec toi ? demanda-t-il, aucune pensée de défaite dans sa tête.
- Je ne serai pas en ville, Tyler, lui dit-elle, sa voix toujours pleinement irritée.
- Oui, Mike m'a dit ça.
- Dans ce cas pourquoi…
commença-t-elle.
Il haussa les épaules.
- J'espérais que c'était juste une excuse facile.
Ses yeux brillèrent un moment, puis se refroidirent.
- Désolée, Tyler, dit-elle, n'ayant pas du tout l'air désolé. Je ne serai réellement pas là.
Il accepta cette excuse, son assurance intacte.
- C'est pas grave. On a toujours le bal de promo.
Il se pavana jusqu'à sa voiture.
J'avais eu raison d'attendre pour voir ça.
L'expression horrifiée sur son visage n'avait pas de prix. Elle me disait ce que je ne devais pas avoir besoin de savoir si désespérément – qu'elle ne ressentait rien pour ces mâles humains qui espéraient lui faire la cour.
Et puis, son expression était probablement la chose la plus drôle que j'ai jamais vue.
Ma famille arriva à ce moment-là, confus par le fait que j'étais, pour changer, en train de me tordre de rire plutôt que d'assassiner du regard tout ce qui bougeait.
Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? voulut savoir Emmett.
Je secouai juste la tête tout en étant pris d'une nouvelle vague de rire quand Bella fit monter le régime de sa bruyante camionnette avec colère. Elle avait l'air de penser à nouveau à son tank.
- Allons-y ! siffla impatiemment Rosalie. Arrête de faire l'idiot. Si tu peux.
Ses paroles ne m'agacèrent pas – je m'amusais trop. Mais je fis ce qu'elle demandait.
Personne ne me parla sur la route du retour. Je continuai à rire tout bas de temps en temps, en repensant à la tête de Bella.
Au moment de tourner dans le chemin qui menait à la maison – accélérant maintenant qu'il n'y avait plus aucun témoin – Alice ruina ma bonne humeur.
- Bon, je peux parler à Bella maintenant ? demanda-t-elle soudainement, sans considérer ses paroles avant de les prononcer, ne me donnant ainsi aucun avertissement.
- Non, répliquai-je sèchement.
- Pas juste ! Qu'est-ce que j'attends ?
- Je n'ai rien décidé, Alice.
- Mais bien sûr que si, Edward.

Dans sa tête, les deux destins de Bella étaient de nouveau clairs.
- À quoi bon apprendre à la connaître ? murmurai-je, soudainement morose. Si je vais la tuer de toute façon ?
Alice hésita une seconde.
- Tu n'as pas tort, admit-elle.
Je pris le dernier virage en épingle à cheveux à cent cinquante kilomètre-heure, puis freinai pour m'arrêter à deux centimètres du mur noir du garage.
- Savoure ta course, dit fièrement Rosalie alors que je m'extrayais de la voiture.
Mais je n'allais pas courir cette nuit. J'allais chasser.
Les autres s'étaient préparés à aller chasser demain, mais je ne pouvais pas me permettre d'être assoiffé maintenant. J'en fis trop, buvant plus que de raison, m'empiffrant à nouveau – un petit troupeau de cerf et un ours que je fus chanceux de trouver aussi tôt dans l'année. J'étais si plein que c'en était inconfortable. Pourquoi n'était-ce pas assez ? Pourquoi son odeur devait-elle être plus forte que tout le reste ?
Je devais chasser pour me préparer au jour suivant, mais, alors que j'étais trop plein pour chasser à nouveau et que le soleil était encore loin de percer, je sus que le jour suivant était trop loin.
Mes nerfs s'affolèrent lorsque je me rendis compte que j'étais parti rejoindre la fille.
Je me disputai avec moi-même tout le long du trajet de retour à Forks, mais ce fut mon côté le moins noble qui l'emporta, et je suivis mon plan indéfendable. Le monstre était là, mais bien nourri. Je savais que je resterais à une distance raisonnable d'elle. Je voulais juste savoir où elle était. Je voulais juste voir son visage.
Il était minuit passé, et la maison de Bella était sombre et calme. Sa camionnette était garée à côté de la voiture de fonction de son père sur la place de parking. Il n'y avait pas de pensée éveillée dans les environs. Je regardai la maison pendant un moment depuis la pénombre de la forêt qui longeait la façade est. L'entrée principale devait probablement être fermée – cela ne poserait aucun problème, excepté qu'il valait mieux que je ne laisse pas de trace de mon passage. Je décidai d'essayer la fenêtre en premier. Presque personne ne se donnait la peine d'y installer des sécurités.
Je traversai la route déserte et escaladai la façade en une demi-seconde. Pendu d'une main à l'avant-toit de la fenêtre, je regardai à travers la vitre, et mon souffle se coupa.
C'était sa chambre. Je pouvais la voir dans le petit lit une place, ses couvertures sur le sol et ses draps ondulants autours de ses jambes. Alors que je regardais, elle s'agita et mit un bras sur sa tête. Elle ne ronflait pas, en tout cas pas cette nuit. Avait-elle senti le danger près d'elle ?
La voyant se retourner à nouveau, je me dégoûtais. En cet instant, je ne valais pas mieux qu'un pervers voyeur. Je n'étais rien d'autre. J'étais pire, bien pire.
Je détendis mes phalanges, sur le point de me laisser tomber, mais avant cela je m'autorisai un long regard sur son visage.
Il n'était pas calme. Le petit creux était à nouveau entre ses sourcils et les coins de ses lèvres étaient tournés vers le bas. Ses lèvres tremblèrent, puis se séparèrent.
- Ok, Maman, murmura-t-elle.
Bella parlait dans son sommeil.
Ma curiosité bondit, dépassant de loin ma répugnance pour ce que j'étais en train de faire. Cette petite lucarne vers ses pensées inconscientes et sans défense était incroyablement tentante.
Je testai la fenêtre ; elle n'était pas verrouillée, mais elle grinçait, sûrement qu'elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps. Je la fis glisser lentement, terrorisé à chaque petit grincement de la charpente de métal. La prochaine fois, j'amènerais de l'huile...
La prochaine fois ? Je secouai la tête, dégoûté à nouveau.
Je me glissai lentement à l'intérieur.
Sa chambre était petite – désorganisée mais propre. Il y avait des livres empilés sur le sol à côté de son lit, leur reliure me tournant le dos, et des CD s'étalaient près de son modeste lecteur – le disque du dessus n'était qu'un boîter vide. Des piles de papiers entouraient un ordinateur qui aurait mérité sa place dans un musée réservé aux technologies obsolètes. Des chaussures parsemaient le parquet.
Je désirais ardemment aller lire les titres de ses livres et de ses disques, mais je m'étais promis de rester à bonne distance, alors à la place, j'allai m'installer dans le rocking-chair dans un coin de la pièce.
L'avais-je vraiment un jour trouvée banale ? Je pensai à ce premier jour, et à mon dégoût pour tous ces garçons immédiatement intrigués par elle. Mais à présent que je me souvenais de la manière dont son visage avait été représenté dans leur esprit, je ne pouvais comprendre pourquoi je ne l'avais pas immédiatement trouvé belle. Ça semblait si évident.
À présent que je la regardais – avec ses cheveux sombres ondulant sauvagement autour de son visage pâle, vêtue de son T-shirt élimé et plein de trous et de son vieux pantalon de jogging, ses membres détendus, ses lèvres pleines légèrement entrouvertes – elle me coupait le souffle. Du moins l'aurait-elle fait, pensai-je avec humour, si j'avais respiré.
Elle ne parla plus. Peut-être que son rêve était terminé.
J'admirai son visage tout en essayant de penser à un moyen de rendre l'avenir supportable.
La blesser n'était pas supportable. Cela voulait-il dire que mon seul choix était d'essayer de partir à nouveau ?
Les autres ne m'en blâmeraient pas à présent. Mon absence ne mettrait personne en danger. Personne n'aurait de soupçons, personne ne ferait le lien avec l'accident.
J''hésitai comme j'avais hésité cet après-midi, et rien ne semblait possible.
Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec les jeunes humains, que ces humains-là l'attirent où pas. J'étais un monstre. Comment pourrait-elle me voir autrement ? Si jamais elle venait à savoir la vérité à mon sujet, cela l'effraierait et l'écœurerait. Comme les victimes présumées dans les films d'horreur, elle s'enfuirait en hurlant.
Je me souvins de ce premier jour en biologie... oui, elle s'enfuirait ; et elle aurait bien raison.
Il était complètement débile d'imaginer que si je l'avais invitée à ce bal ridicule, elle aurait annulé ses plans et accepté ma proposition.
Je n'étais pas celui à qui elle allait dire oui. C'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'humain et de chaud. Et je ne pourrais même pas me permettre – ce jour-là, lorsqu'elle aurait dit oui – de le traquer et de le tuer, parce qu'elle le mériterait, qui qu'il soit. Elle méritait le bonheur et l'amour plus que quiconque.
Je lui devais d'agir pour le mieux à présent. À présent que je ne pouvais plus prétendre être sur le point de l'aimer.
Après tout, cela importait peu, si je partais, parce que Bella ne pourrait jamais me voir comme je désirais qu'elle me vît. Elle ne me verrait jamais comme quelqu'un dont elle pourrait tomber amoureuse.
Jamais.
Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait encore se briser ? Le mien en semblait capable.
- Edward, dit Bella.
Je me figeai, regardant ses yeux clos.
M'avait-elle vu, était-elle éveillée ? Elle semblait endormie, mais sa voix avait été si claire...
Elle soupira calmement, et bougeant à nouveau, se roulant sur le côté.
- Edward... répéta-t-elle doucement.
Elle rêvait de moi.
Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait battre à nouveau ? Le mien en semblait capable.
- Reste, soupira-t-elle. Ne pars pas. Je t'en prie...ne pars pas.
Elle rêvait de moi, et ce n'était même pas un cauchemar. Elle voulait que je reste avec elle, là dans son rêve.
Je débattis pour trouver des mots pour nommer les sensations qui se déversèrent en moi, mais aucun mot n'était assez fort pour les contenir. Pendant un long moment, je m'y noyai.
Quand je refis surface, je n'étais pas le même homme qu'avant.
Ma vie était un minuit éternel et immuable. Pour moi, c'était inévitable, il serait toujours minuit. Alors comment était-il possible que le soleil se lève, là maintenant, au milieu de ce minuit ?
A l'instant où j'étais devenu vampire, échangeant mon âme et ma mortalité pour l'immortalité la douleur brûlante de la transformation, j'avais été littéralement gelé. Mon corps s'était transformé en quelque chose qui s'apparentait plus à de la pierre qu'à de la chair, dure et immobile. Ma conscience, aussi, s'était gelée, ma personnalité, mes goûts et mes dégoûts, mes désirs et mes répugnances ; tout s'était figé.
C'était la même chose pour chacun de nous. Nous étions tous figés. Des pierres vivantes.
Quand un changement survenait en nous, c'est une chose rare et permanente. Je l'ai vu chez Carlisle, puis plus tard chez Rosalie. L'amour les avait changés d'une façon permanente, éternelle. Plus de quatre-vingts ans s'étaient écoulés depuis que Carlisle avait trouvé Esmé,e et il continuait à la regarder avec les yeux incrédules du premier amour. Il en serait ainsi pour l'éternité.
De même que pour moi. J'allais aimer cette humaine, si fragile et délicate, pour le restant de mon existence sans limite.
J'admirais son visage, sentant cet amour pour elle s'ancrer dans chaque portion de mon corps de pierre.
Elle dormait calmement à présent, un petit sourire aux lèvres.
Tout en la regardant, je commençai à comploter.
Je l'aimais, alors j'allais essayer d'être assez fort pour la quitter. Je savais que je n'étais pas assez fort pour le moment. J'allais travailler ce point. Mais peut-être étais-je assez fort pour faire changer le futur de cap.
Alice avait vu deux avenirs pour Bella, et à présent je comprenais les deux.
L'aimer ne m'empêcherait pas de la tuer, si je me laissais faire des erreurs.
Je ne pouvais plus sentir le monstre à présent, je ne le trouvais plus, nulle part en moi. Peut-être que l'amour l'avait réduit au silence. À présent, si je la tuais, ce ne serait pas intentionnel, seulement un effroyable accident.
J'allais devoir être extrêmement prudent. Je ne devrais jamais, jamais baisser ma garde. J'allais devoir contrôler chacune de mes inspirations, chacun de mes mouvements. J'allais devoir respecter une distance de sécurité permanente.
Je n'allais pas faire d'erreur.
Je compris enfin le second futur. J'avais été dérouté par cette vision – que pouvait-il bien se passer pour que Bella se retrouve prisonnière de cette demi-vie immortelle ? Mais à présent – dévasté de désir pour cette fille – je pouvais comprendre comment je pourrais, dans un élan d'impardonnable égoïsme, implorer mon père de me faire cette faveur. L'implorer de lui prendre et sa vie et son âme pour que je puisse la garder près de moi pour toujours.
Elle méritait mieux.
Mais je vis un autre avenir, un fil extrêmement fin et fragile sur lequel je pourrais peut-être marcher, si je savais garder l'équilibre.
Pouvais-je faire cela ? Être avec elle et la garder humaine ?
Délibérément, je pris une profonde inspiration, puis une autre, laissant son arôme me déchirer comme un feu sauvage. Sa chambre débordait de son parfum, sa fragrance restait accrochée à chaque objet. Ma tête me tournait mais je combattis le vertige. Je devais m'y habituer, si je voulais essayer d'avoir une quelconque relation avec elle. Je pris une autre bouffée d'air brûlant.
Je la regardai dormir jusqu'à ce que le soleil se lève derrière les nuages à l'est, complotant contre moi.


Je rentrai à la maison juste après le départ des autres pour le lycée. Je me changeai rapidement, ignorant le regard interrogateur d'Esmée. Elle avait vu comme mon visage rayonnait, et cela l'avait autant soulagée qu'inquiétée. Ma longue mélancolie lui avait fait de la peine, et elle était heureuse de voir que ma douleur semblait s'en être allée.
Je courus jusqu'au lycée, arrivant quelques secondes après mes semblables. Ils ne se retournèrent pas, alors qu'Alice au moins savait que je me tenais dans le bois qui longeait la chaussée. J'attendis que personne ne regarde, puis sortis du bois comme si de rien n'était pour arriver au milieu des nombreuses voitures.
J'entendis la camionnette de Bella gronder près du virage, et m'arrêtai derrière une Suburban, d'où je pouvais voir sans être vu.
Elle roula en direction du parking, fixant ma Volvo un long moment avant de se garer à l'une des places les plus éloignées de ma voiture, en fronçant les sourcils.
Il était étrange de se rappeler qu'elle était probablement toujours fâchée contre moi ; avec de bonnes raisons.
J'avais envie de me moquer de moi, ou de me gifler. Tout mon complot ainsi que mes plans étaient entièrement caduques si de son côté elle n'éprouvait rien pour moi, n'est-ce pas ? Son rêve avait sûrement dû porter sur quelque chose de complètement banal. Je n'étais qu'un crétin arrogant.
De toute façon, il valait mieux pour elle qu'elle ne ressente rien pour moi. Cela ne m'empêcherait pas de la harceler, mais ça l'avertirait en tout cas que je la harcelais. Je lui devais bien ça.
J'avançai dans sa direction silencieusement, me demandant quel était le meilleur moyen de l'approcher.
Elle me facilita la tâche. Les clés de sa voiture glissèrent de ses doigts alors qu'elle sortait de sa camionnette, et tombèrent dans une flaque d'eau.
Elle se pencha, mais j'arrivai le premier, les attrapant avant qu'elle n'ait eu à plonger ses doigts délicats dans l'eau froide.
Je m'adossai à sa camionnette pendant qu'elle se redressait avant de se raidir.
- Pour quelle raison as-tu fait ça ? brailla-t-elle.
Oui, elle était toujours fâchée.
- Fait quoi ? demandai-je en lui tendant ses clés.
Elle tendit sa main, et je laissai tomber les clés dans sa paume. Je pris une profonde inspiration, engloutissant son odeur.
- Surgi à l'improviste, précisa-t-elle
- Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive.
Mes paroles étaient humoristiques, c'était presque une blague. Y'avait-il quelque chose qu'elle ne remarquait pas ?
Avait-elle remarqué, par exemple, comme ma voix avait enveloppé son nom, comme une caresse ?
Elle me regarda, n'appréciant pas mon humour. Son rythme cardiaque s'emballa – de colère ? De peur ? Après un moment, elle regarda le sol.
- Pourquoi ce bouchon, hier soir ? demanda-t-elle, sans me regarder. Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas, pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Très fâchée. J'allais faire un effort pour arranger les choses avec elle. Je me souvins avoir résolu d'être digne de confiance...
- Je rendais service à Tyler, histoire de lui donner sa chance.
Puis je ris. Je ne pus m'en empêcher, repensant à la tête qu'elle avait faite.
- Espèce de... haleta-t-elle, puis elle s'interrompit, apparemment trop furieuse pour finir.
La voilà : cette expression, exactement la même. Je retins un nouveau rire. Elle était déjà assez hors d'elle comme ça.
- Et je ne prétends pas que tu n'existes pas, finis-je.
C'était ainsi que je devais m'y prendre : rester sur le ton de la conversation, la taquiner. Elle ne comprendrait pas si je lui montrais mes véritables sentiments. Ça l'effraierait. Je devais maîtriser mes sentiments, garder les choses au clair.
- C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffi !
Un éclair de colère me traversa. Pouvait-elle réellement penser une chose pareille ? Il était irrationnel de ma part d'être si offensé, elle ne savait rien de la transformation qui s'était opérée en moi durant la nuit. Mais j'étais tout de même en colère.
- Bella, tu es complètement absurde, assénai-je.
Elle rougit et me tourna le dos. Elle commença à s'éloigner.
Remords. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir.
- Attends ! suppliai-je.
Elle ne s'arrêta pas, alors je la rattrapai.
- Désolé pour ces paroles désagréables. Non qu'elles soient fausses (parce qu'il était bel et bien absurde de penser que je puisse vouloir sa mort) mais je n'étais pas obligé de les dire.
- Et si tu me fichais la paix, hein ?
Crois moi, voulais-je lui répondre, j'ai essayé.
Et, à propos, je suis désespérément amoureux de toi.
Reste clair.
- Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fait perdre le fil, dis-je en riant.
Je venais d'avoir une idée lumineuse.
- Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité ? demanda-t-elle.
Cela y ressemblait fort, en effet. J'étais plutôt lunatique, à cause de toutes ces nouvelles émotions qui me traversaient.
- Voilà que tu recommences, lui fis-je remarquer.
- Très bien, soupira-t-elle. Vas-y, pose-la, ta question.
- Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine... (Je vis le choc traverser son visage, et retins un autre rire), tu sais, le jour du bal...
Elle m'interrompit, me regardant enfin dans les yeux.
- Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ?
Oui !
- Et si tu me laissais terminer ?
Elle attendit en silence, ses dents mordant doucement sa lèvre inférieure.
Cette vue attira mon attention pendant une seconde. Cela provoqua d'étranges réactions au plus profond de mon enveloppe charnelle jusqu'alors oubliée. Je tentai de les mettre de côté pour pouvoir me concentrer sur mon rôle.
-J'ai appris que tu allais à Seattle, ce jour là, et j'ai pensé que tu avais peut-être besoin d'un chauffeur, lui proposai-je.
Je réalisai que, mieux que de l'interroger sur ses projets, je lui demandais de m'inclure dedans.
Elle me regarda, choquée.
- Quoi ?
- As-tu envie qu'on t'accompagne là-bas ?

Seul dans une voiture avec elle... Ma gorge me brûla à cette seule pensée. Je pris une longue inspiration. Prends-en l'habitude...
- Qui donc ? me demanda-t-elle, ses yeux montrant à nouveau cette expression abasourdie.
- Moi, évidemment, dis-je lentement.
- Pourquoi ?
Était-il vraiment aussi étonnant que je veuille passer du temps avec elle ? Elle avait vraiment dû interpréter mon ancienne attitude de la pire manière qui soit.
- Disons, fis-je aussi naturellement que possible, que j'avais l'intention de me rendre à Seattle dans les semaines à venir et, pour être honnête, je ne suis pas persuadé que ta camionnette tiendra le coup.
Il semblait plus prudent de continuer à la taquiner plutôt que de me permettre d'être sérieux.
- Ma camionnette marche très bien, merci beaucoup, dit-elle de la même voix surprise.
Elle recommença à marcher. Je ne la lâchai pas d'une semelle.
Elle n'avait pas vraiment dit non, alors j'insistai.
Dirait-elle non? Que ferais-je si elle refusait?
- Mais un seul réservoir te suffira-t-il ?
- Je ne vois pas en quoi ça te concerne.

Ce n'était toujours pas un non. Et son cœur recommençait à s'emballer, sa respiration à s'accélérer.
- Le gaspillage des ressources naturelles devrait être l'affaire de tous.
- Franchement, Edward ! Ton comportement m'échappe. Je croyais que tu ne désirais pas être mon ami.

Un frisson de ravissement me prit quand elle prononça mon nom.
Comment pouvais-je répondre clairement à cela tout en restant honnête ? Bon, il était plus important que je sois honnête. Au moins en ce qui concernait ce sujet.
- J'ai dit que ce serait mieux que nous ne le soyons pas, pas que je n'en avais pas envie.
- Ben tiens ! Voilà qui éclaire ma lanterne ! railla-t-elle.
Elle s'arrêta, sous l'auvent de la cantine, et rencontra mon regard à nouveau. Son cœur s'affola. Avait-elle peur ?
Je pris un grand soin à choisir mes mots. Non, je ne pouvais la quitter, mais peut-être serait-elle assez intelligente pour me quitter, elle, avant qu'il ne soit trop tard.
- Il serait plus... prudent pour toi de ne pas être mon amie.
Puis, en plongeant dans les profondeurs de chocolat fondu de ses yeux, je perdis ma désinvolture. Les mots que je prononçai en suite brûlèrent d'une trop grande ferveur.
- Mais j'en ai assez d'essayer de t'éviter, Bella.
Elle arrêta de respirer et, vu le temps qu'elle mit avant de recommencer, cela m'inquiéta. Combien l'avais-je effrayée ? Eh bien, j'allais avoir la réponse.
- Viendras-tu à Seattle avec moi ? demandais-je sans cérémonie.
Elle acquiesça, son cœur battant la chamade.
Oui. Elle m'avait dit oui. À moi !
Puis ma conscience refit surface. Combien cela allai-t-il lui coûter?
- Tu devrais vraiment garder tes distances, la prévins-je.
M'avait-elle entendu ? Echapperait-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même ?
Reste clair, m'ordonnai-je.
- On se voit en cours.
Je dus me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais.
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